Fondée en 2013 par Vincent Huguet et Hugo Lassiège, Malt est la marketplace de référence de mise en relation entre indépendants et entreprises. Intermédiaire entre le client et le freelance, la marketplace permet aux entreprises de trouver les consultants qui conviennent à leurs besoins selon les compétences et critères de leur choix.
Pour le Journal du Manager, Vincent revient sur les avantages de Malt ainsi que sur les particularités du statut des travailleurs indépendants.
Pouvez-vous revenir sur l’histoire de Malt, une entreprise fondée en 2013 ? Pourquoi avoir choisi de créer cette plateforme ?
Je suis convaincu que les belles histoires découlent d’un besoin et non de l’analyse froide d’un marché. Au travers de mes expériences professionnelles passées et notamment chez Dromadaire.com, j’ai eu besoin de faire appel à des talents externes pour absorber des pics d’activité. Mais à l’époque, il était beaucoup plus compliqué de trouver des freelances, car on était sur un marché complètement fragmenté. S’il existait déjà des plateformes de mise en relation, elles s’orientaient sur un positionnement très low cost, et s’inscrivaient dans une logique d’enchères inversées où le freelance qui affiche le tarif le moins cher remporte la mission. Je souhaitais avoir une approche différente, beaucoup plus locale pour que le freelance puisse être payé à sa juste valeur, s’intégrer à l’entreprise et venir travailler avec les membres de mon équipe.
En 2012, j’ai sauté le pas. J’ai rencontré Jean-Baptiste Lemée et Hugo Lassiège, tous deux développeurs en freelance avec qui ça a tout de suite fonctionné. J’avais la vision plutôt côté client et notamment PME, et eux la vision côté freelances, avec l’habitude de travailler pour de grands groupes. Nous avons fusionné nos visions et créé Malt. En plus de voir qu’on était sur un marché très important (le marché du conseil, des prestations intellectuelles et en particulier du consulting IT pèse plus de 350 milliards d’euros en Europe), on accompagnait un changement sociétal où les indépendants souhaitent travailler directement avec leurs clients, étendre leurs possibilités de missions, avoir plus de sécurité, etc.
Aujourd’hui, qui peut utiliser Malt et quels en sont les avantages ?
Aujourd’hui, Malt regroupe une communauté de plus de 250 000 consultants freelance répartis sur trois pays : la France, l’Espagne et l’Allemagne. Les expertises des freelances évoluent dans trois grands domaines d’activité : Tech et Data, Image et Son, Marketing-Communication et Gestion de projets. Mais on voit également de nouveaux profils émerger comme les fonctions supports, les ressources humaines, etc. Malt est apporteur d’affaires et va donc les mettre en relation avec des entreprises. Nous jouons également un rôle de tiers de confiance pour sécuriser les missions, à la fois d’un point de vue légal et financier. Les équipes Malt interviennent s’il y a des points de blocages et accompagnent les freelances dans leurs évolutions de carrières.
Côté entreprise, il y a plus de 30 000 clients inscrits sur Malt parmi lesquels 36 entreprises du CAC 40. Ces entreprises vont faire appel à Malt pour plusieurs raisons : la première, parce que le recrutement d’un salarié prend en moyenne 6 mois et que trouver à un freelance prend seulement 6 jours. Les freelances vont aussi être de très bonnes ressources pour remplacer des salariés momentanément absents, lors de congés maternité/paternité par exemple ou en attente d’un recrutement stratégique. Ils sont aussi capables de répondre à des besoins d’accélération de projets ou pour absorber un pic d’activité, et enfin, pallier un manque de compétences spécifiques, c’est particulièrement le cas sur les profils techniques très pénuriques aujourd’hui.
Comment vous démarquez-vous des autres plateformes de mise en relation ?
Si les entreprises peuvent de manière complètement autonome trouver un consultant freelance sur Malt, nous avons aussi déployé plusieurs solutions pour les aider à la fois dans ce sourcing de talents et dans la gestion quotidienne de leurs missions freelances. Malt Plus, est par exemple une solution de sourcing qui associe une intelligence artificielle à l’accompagnement de nos équipes. Cela permet aux entreprises et notamment aux RH d’aller plus vite dans leurs recherches et aussi plus loin, monter des équipes de A à Z, opérationnelles rapidement et trouver des compétences hyper spécifiques, plus difficiles à trouver sur les métiers liés à la Tech et à la Data.
Les entreprises ont également la possibilité de rapatrier toutes leurs missions freelances sur Malt de manière à avoir une meilleure visibilité de leurs activités en cours et mieux centraliser leurs besoins internes. On met également à leur disposition un outil de gestion Malt Insights qui leur permet d’optimiser leurs dépenses et donc de gagner en efficience. Bref, il y a tout un panel de solutions pour les accompagner dans cette démarche du freelancing. L’idée n’étant pas de suivre une tendance, mais de pleinement l’intégrer à leur façon de travailler et in fine à la culture d’entreprise.
Quels sont les intérêts pour une entreprise d’avoir recours à des freelances ? Est-ce une pratique couramment répandue ?
En plus de leurs compétences techniques, les consultants freelance mettent à profit des entreprises leurs “soft skills”. Car les freelances sont des profils expérimentés : ils ont en moyenne plus de 5 ans d’expérience pour la France, 9 ans pour l’allemagne et 6 ans pour l’Espagne. Leur carrière leur a permis d’appréhender plusieurs missions, de différentes durées, dans des contextes et secteurs variés. De plus, ils ont acquis diverses méthodes de travail et d’innovation qu’ils partagent au sein de l’entreprise où il travaille. Jean-David Chamboredon, l’un de nos investisseurs et CEO de ISAI, appelle cela la « pollinisation de l’innovation ». Les freelances sont comme des abeilles qui viennent diffuser l’innovation et la culture digitale au sein des entreprises. En plus de cela, les consultants freelances consacrent en moyenne plus d’une demi-journée par semaine à l’autoformation. C’est un effort qui leur permet de rester constamment à la pointe ! Du fait de leur « liberté », ils apportent aussi une vision neuve à l’entreprise, moins hiérarchisée.
Aujourd’hui, de grandes entreprises passent le pas du freelancing et ce, dans tous les secteurs d’activité. Sur Malt, on compte aujourd’hui 36 entreprises du CAC40. Il y a également un grand nombre de TPE/PME et de startups. Le covid a été un fantastique accélérateur de maturité pour les entreprises sur la question du freelancing.
En 2020, le freelancing n’a jamais eu autant de succès. Tout le monde est-il fait pour devenir indépendant ? Quelles qualités sont-elles nécessaires selon vous pour réussir ?
Selon moi, les freelances doivent se positionner sur une expertise précise. Pour un développeur Java, ce sera assez simple, mais pour un expert en marketing, il faudra se questionner. « Est-ce que je vais apporter mon expertise sur de la création de contenu ou sur du conseil en stratégie ? » Il y a effectivement plusieurs possibilités. Néanmoins, il est crucial de se poser cette question et faire un choix. Cela permet de se différencier et d’être en mesure de répondre à la demande client.
Ensuite, il faut prendre conscience que les freelances sont loin de l’image que l’on pouvait avoir d’eux 10 ans auparavant. Autrement dit, celle d’une personne au bord de la plage qui travaille quand elle le souhaite. Les freelances ont choisi d’être libres, mais ils ont également choisi de devenir leur propre patron. Cela implique des tâches supplémentaires comme l’aspect administratif et financier, la prospection client, la communication, le customer care. Être freelance c’est diriger sa propre entreprise.
Donc les qualités nécessaires, je dirais avant tout la curiosité car il faut pouvoir appréhender ces nouvelles tâches, de l’organisation et une certaine discipline car personne ne pourra vous dire quoi faire. Et enfin, aimer le contact, à la fois pour échanger avec ses clients mais aussi entre freelances. Le réseau est très important quand on est indépendant.
L’entrepreneuriat est généralement source d’insécurités et de risques. Comment les indépendants peuvent-ils sécuriser au mieux leur activité et assurer leurs arrières ?
En passant par la marketplace Malt, les freelances sécurisent entièrement leurs revenus. Lorsqu’un client propose une mission à un freelance, il avance la trésorerie qui reste bloquée sur Malt le temps de la mission et versée au freelance à la fin du projet. Pour les grands comptes, habitués à payer à 30 ou 40 jours, un système d’affacturage existe. De cette manière, le freelance est sûr de recevoir sa rémunération 5 jours après la fin de la mission.
Comment les freelances ont-ils vécu la crise de la COVID-19 ?
Malgré la crise, 84% des freelances ne souhaitent pas retourner au salariat. Cela montre bien que ces personnes ont choisi le freelancing et que ce n’est pas une transition par défaut. Et si l’on n’en voit pas encore les répercussions, je pense qu’à moyen terme, on aura de plus en plus de gens qui se lanceront en tant qu’indépendant. Et ce, après avoir goûté à une certaine autonomie et au travail à distance. D’autant plus si les entreprises ne se montrent pas capables de répondre aux besoins des salariés. L’année prochaine, le gel des recrutements pour de nombreuses entreprises va également contribuer à accélérer la demande de freelances.
Quels conseils donneriez-vous aux apprentis indépendants, désireux de lancer sereinement leur activité ?
Je leur conseillerai de bien identifier les compétences qu’ils souhaitent proposer aux entreprises. Mais aussi de définir en quelque sorte leur positionnement. Il faut ensuite se préparer à avoir une charge de travail importante et différente. Cela est essentiel, car il existe d’autres aspects à gérer en plus des missions.
Je conseillerai aussi de ne pas hésiter à échanger avec d’autres freelances. Par exemple, participer à des conférences pour alimenter ce réseau qui est très important quand on est indépendant.
Nos remerciements à Vincent Huguet, cofondateur & CEO de Malt.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one.