Fondée en 2022, Diversified est une startup qui permet d’investir dans des biens rares et rentables tels que le vin, le whisky, les montres, les sacs et les œuvres d’art. Basée sur la technologie blockchain, Diversified propose une application qui rend accessibles, au plus grand nombre, des objets à fort potentiel de rendement, historiquement réservés à une élite.
Pour le Journal du Manager, Vincent Bourdel revient sur la genèse de l’application qui permet d’investir dans des produits de luxe.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel et entrepreneurial ? Quelles sont les grandes étapes ?
Initialement, j’ai une formation de droit et j’ai également fait une école de commerce. À la sortie des études, j’ai monté une société du nom de Speed Etudiant. Après quoi, j’ai enchainé trois expériences dans des grands groupes en tant que directeur stratégique, directeur commercial et directeur financier. Ensuite, le virus de l’entrepreneuriat m’a repris il y a peu moins d’un an avec Diversified, que j’ai cofondé à l’aide de mon CTO, Tugdual de Kerviler. D’ailleurs, nous avons lancé notre plateforme il y a maintenant un mois, c’est donc tout récent.
Quelle est l’histoire de Diversified ? Comment avez-vous eu le déclic ?
Très vite, Tugdual et moi avons partagé un constat. Il y a des paradigmes économiques qui sont en train d’être complètement bouleversés. Cela s’explique par une inflation qui explose, de nouveaux usages qui sont plébiscités par les épargnants européens (la gamification de l’épargne ou le trading en ligne par les particuliers). Il y a également de nouveaux usages sur le choix des actifs.
Les gens s’en rendent bien compte : « laisser ses économies sur un livret A ou un compte courant fait perdre du pouvoir d’achat, notamment avec les taux d’inflation ». Par conséquent, ils cherchent des solutions pour rendre cette épargne rentable et conserver leur pouvoir d’achat. Aujourd’hui, cet argent stocké en banque représente 40 % de l’épargne européenne annuelle, soit plus de 1000 Mds € par an. Cela représente une somme énorme qui est complètement érodée par l’inflation. En d’autres termes : du pouvoir d’achat que les Européens perdent tous les ans. Diversified veut justement répondre à cette problématique.
Qu’est-ce que l’application Diversified, et à qui s’adresse-t-elle ?
Pour commencer, nous nous sommes demandé ce qui fonctionnait depuis les 10 dernières années. Puis, nous avons conclu que le placement le plus intéressant est souvent le secteur du luxe. Bien entendu, il faut remplir certaines conditions. Par exemple :
- être sur les bons segments,
- choisir les bons actifs,
- avoir un patrimoine financier permettant d’acheter les actifs qui sont généralement les plus chers et les plus rentables, etc.
Cela montre que ce marché est réservé à une élite, d’où l’adage « l’argent appelle l’argent ». Si tu as de l’argent, tu es capable de te diversifier sur des biens de luxes exclusifs et d’acheter les meilleurs biens, car tu as accès aux bons canaux de sourcing. Tu sais les assurer, les stocker et les revendre. Toutefois, cela prend beaucoup de temps et beaucoup d’argent, si bien que les grandes fortunes délèguent ce travail à des gestionnaires de patrimoine ou à des spécialistes.
Chez Diversified, on a voulu permettre à chacun d’accéder à cette rentabilité et nous occuper de tout pour nos clients. Nous nous chargeons donc de sourcer les actifs qui sont souvent des biens de luxes, de les stocker, les assurer et les revendre pour nos clients. C’est cela le métier de Diversified : permettre à chacun d’exposer son épargne à des actifs qui sont réputés et très rentables.
Quels sont les avantages d’investir dans des actifs alternatifs ?
Il existe plusieurs avantages dont la performance. Sur Diversified, nous essayons de lister uniquement des actifs ayant des performances passées d’environ 10 % de prise de valeur annuelle. Cependant, nous mettons toujours des disclaimers en place et des précautions de langages pour avertir que les performances passées ne présagent pas les performances à venir. Nous sommes très attentifs à cela.
En outre, nous aimerions pouvoir proposer des solutions de liquidité assez vite. Cela afin que nos clients ne soient pas bloqués sur 3, 4, 5 ou 6 ans, mais qu’ils puissent atteindre la rentabilité plus tôt. C’est également un moyen de se diversifier. Il existe plusieurs modèles économiques et théories selon lesquels plus on se diversifie, plus on optimise sa balance bénéfice-risque. À ce propos, par son ticket d’entrée qui est très faible, Diversified est une arme pour véritablement pouvoir se diversifier avec peu de moyens. Théoriquement, il suffit de 100 € pour se diversifier sur 10 actifs. Ainsi, on optimise la rentabilité et on limite le risque par une répartition des expositions d’actifs.
En quoi Diversified se démarque-t-elle de ses concurrents ?
Diversified évolue dans un marché très jeune. Néanmoins, nous avons 2 vrais points de différenciation par rapport à nos concurrents. Le premier point est notre structure de coûts. Nous prenons 5 % à l’entrée comme rémunération et par la suite, le client est facturé à hauteur de 1 % par an. Il faut savoir que ce pourcentage annuel ne sert pas à nous rémunérer, mais à couvrir les frais de stockage et d’assurance. Contrairement à certains concurrents qui appâtent le client avec 1 % à l’entrée et montent à 4 % les années suivantes. Finalement, le client se retrouve avec un produit rempli de frais et peu rentable.
Le second point de différenciation est que nous avons une approche très technologique. Globalement, lorsque nous vendons un produit, nous sommes capables de montrer le track record de ce produit. Ensuite, une fois que le client l’achète, il a la possibilité d’actualiser son portfolio grâce à des algorithmes et des formules intégrant les frais évoqués. Cela lui permet d’avoir, en temps réel, la valorisation estimée de son portfolio. Nous sommes fiers de dire qu’aucun de nos concurrents n’est capable de faire la même chose.
Quelle est la place du numérique dans l’épargne ? Quels sont les progrès à réaliser ?
Je dirais que les choses évoluent plutôt rapidement. D’un autre côté, c’est une période assez excitante avec l’apparition de nouvelles solutions. Surtout quand on sait qu’historiquement, c’est un milieu qui évolue lentement, avec des acteurs qui ont des monopoles, des solutions souvent remplies de frais, etc. C’est ce que nous avons voulu révolutionner. Cependant, j’ai l’impression que depuis cette dernière décennie, avec l’arrivée d’Anaxago, il y a pas mal de changements. En particulier avec la fractionnalisation d’actifs, qui est semblable à ce que nous faisons avec les biens alternatifs ou ce qui a déjà été fait sur l’immobilier.
Quelle est votre place à l’international ?
Diversified est une société française, mais la SPVie qui gère tous nos actifs est basée au Luxembourg. De fait, on émet nos titres obligataires depuis le Luxembourg, néanmoins ils peuvent être achetés par tous les Européens de la zone euro. À ce jour, 20 % de nos clients sont hors de la France. Pour dire vrai, nous comptons rester sur cette zone géographique en 2023. Le territoire sur lequel on se déploiera sans doute l’année prochaine, c’est le Royaume-Uni. Par contre, vu que c’est un pays qui comporte des problématiques de devise, il nous faudra changer notre structure de coûts.
Quelles difficultés avez-vous connues lors de votre parcours entrepreneurial ?
Pour la petite histoire, le plus gros poste de dépense qu’on a eu est un poste de legal compliance. Nous avons réalisé une levée de fonds de 500 k€ en décembre et le tiers de cette levée a été alloué uniquement à des sujets de contrats, de regulatory et de compliance. Ce n’est pas que du set up, mais il s’agit également de relire les contrats que nous avons avec nos partenaires. Sur l’horlogerie par exemple, nous avons un contrat avec Cresus, sur le vin avec Patriwine, sur les spiritueux avec Cask Trade, etc.
La seconde difficulté consiste à gagner la confiance du client. En France comme partout d’ailleurs, lorsqu’on gère l’épargne des gens, ils sont forcément pointilleux et regardants. Ils le sont davantage quand il s’agit d’une jeune entreprise comme la nôtre. Voilà pourquoi Il faut faire ses preuves assez vite et trouver les bons leviers afin que les clients acceptent de faire confiance.
Quel bilan tirez-vous du lancement de Diversified ?
Le lancement s’est bien passé, nous avons enregistré près de 700 et 800 téléchargements d’application. À cela s’ajoute une couverture média qui commence à être assez importante, avec des médias très grand public. Diversified est aussi dans le programme de Station F, ce qui nous vaut des bureaux au centre de Paris, dans un écosystème chouette qui nous porte aussi.
Pour résumer, on a eu un lancement sympathique même s’il y a eu quelques petits bugs, de très bons retours clients et un produit qui tourne. Nous sommes plutôt contents.
Quels sont vos projets ? Sur quoi misez-vous pour votre développement ?
Nos projets sont essentiellement techniques. Étant une jeune entreprise, nous n’avons pas assez de moyens pour investir dans des canaux d’acquisition par exemple. Par conséquent, nous sommes convaincus d’une chose : nous devons proposer le produit le plus cool et le plus aimé de nos utilisateurs. De cette façon, ils auront envie de nous recommander et c’est comme cela que Diversified deviendra viral.
En somme, nos enjeux sont sur les fonctionnalités : d’abord sur l’écoute de nos clients (leurs besoins et attentes) et ensuite dans l’exécution des fonctionnalités que l’on propose. C’est le cas de la solution de liquidité dont je parlais tout à l’heure, une solution très demandée. Et vu que nous sommes une petite équipe, le vrai sujet est dans la priorisation. Évidemment, nous avons de nombreux projets à lancer et il faut toujours se poser la question : « qu’est-ce qu’on veut prioriser en fonction du temps, du ROI et des attentes de tes clients ? » Il est question de gestion du temps au service des clients pour leur apporter les fonctionnalités les plus cool.
Il y a également une autre verticale qui concerne le sourcing des actifs. Elle consiste à proposer à ses clients les actifs qu’ils veulent. À l’instar des fonctionnalités, cela nécessite d’écouter ses clients et de leur proposer les plus exclusifs et les plus rentables possibles.
Nos remerciements à Vincent Bourdel, Directeur Général & cofondateur de Diversified.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one