Fondée en 2015, OCNI Factory est une entreprise spécialisée en innovation alimentaire qui développe des OCNI. Il s’agit de savoureux condiments en forme de crayons ou de bouteilles qui apportent un nouveau geste à table, une esthétique dans l’assiette et surtout une explosion de saveurs en bouche.
Pour le Journal du Manager, Tristan Cano nous raconte l’histoire de l’assaisonnement à tailler.
Quelle est l’histoire d’OCNI Factory ? Comment ce projet est-il né ?
L’histoire d’OCNI est liée à celle de mon associé, Benoit Le Guein, qu’on appelle le savant food. Il a fait des études à la fois en cuisine, en pâtisserie, mais aussi en art contemporain et en design produit. Puis, il a commencé à utiliser le terme OCNI quand il était aux Beaux-Arts. À cette époque, il cherchait un terme qui représenterait parfaitement son travail entre le design, l’art et la gastronomie. Pendant son parcours aux Beaux-Arts, il a également travaillé autour de la gélification et de la végétale, d’où les idées de nos premiers produits.
OCNI, c’est aussi ma rencontre avec Benoit et nos deux parcours qui sont assez complémentaires. Moi pour la partie commerciale et marketing et lui pour la partie création. Notre aventure a vraiment commencé en 2014 avec une activité un peu plus évènementielle au départ, avant la sortie de nos premiers produits en 2016.
Qu’est-ce qu’un OCNI, et à qui s’adresse-t-il ?
OCNI est l’acronyme de « Objet comestible non identifié ». Pour décrire OCNI plus en détail, nous sommes une entreprise spécialisée en innovation alimentaire dont les locaux se situent à Alès, dans le sud de la France.
Le premier produit que nous avons sorti est l’assaisonnement à tailler, un condiment qui est présenté en forme de crayon accompagné d’un taille-crayon. L’idée est de le tailler au dernier moment dans son assiette. Et donc les copeaux que vous allez obtenir vont assaisonner votre plat. L’intérêt du produit est d’apporter un geste ludique à table, un côté impressionnant et esthétique avec les copeaux une fois qu’ils sont taillés. Mais le plus important surtout, c’est le goût.
Le deuxième OCNI que nous avons conçu est la bouteille à râper, sortie en mars dernier. On est sur le même principe, un condiment présenté en bouteille cette fois-ci. L’idée est d’utiliser une râpe et de râper le produit sur son assiette afin de l’assaisonner. Les deux références pour la bouteille sont le ketchup et la moutarde.
Au niveau des crayons, on a une dizaine de références disponibles qui changent en fonction de la saison et des rencontres qu’on fait. Il y en a donc pour tous les goûts en partant du classique (basilic, le citron, le curry, etc.) au goût travaillé comme des fruits (framboise/estragon, fruit de la passion/citron vert, etc.). Nous avons aussi des produits au goût original tel que l’ail noir et pour finir, il y a des produits spéciaux pour les fêtes de fin d’année comme le crayon à la truffe que nous venons de sortir.
Comment l’activité d’OCNI Factory a-t-elle évolué depuis sa création ?
Pour commencer, il y a eu un changement d’activité. Au début, lorsque Benoit et moi avons lancé OCNI, une partie de l’activité était beaucoup plus tournée vers l’évènementiel. Nous travaillions sur des évènements d’entreprise et avions développé des immersions sensorielles. Sauf que nous nous sommes rendu compte des limites du secteur évènementiel. À savoir le budget et le réseau, que nous n’avions pas forcément.
Comme je le disais plus tôt, dès son parcours à l’école, Benoit avait déjà l’idée du produit. Quand on a commencé à en parler autour de nous, on a vu que l’idée était bien accueillie et rapidement l’activité produit a pris le pas sur l’évènementiel. De ce fait, nous nous sommes donnés à 100 % sur l’activité produit jusqu’à présent.
Comment avez-vous conçu ce produit ? Qui a pu vous accompagner dans cette aventure ?
Il faut savoir que nous avons démarré de manière très artisanale. Tout a commencé dans la cuisine d’un appartement où nous avons fait les premiers tests et les premières productions. Après que Benoit a imaginé et développé l’idée du produit, nous avons commencé à rencontrer quelques problématiques de conservation. Nous voulions améliorer la recette et également réduire la teneur en sel, sachant que seuls le vinaigre de cidre et le sel permettent la conservation du produit. C’est ainsi que nous avons fait appel à une personne extérieure.
À ce moment-là, la région d’Occitanie proposait des aides très concrètes. Après les avoir contactés, ils ont mis à notre disposition un ingénieur agroalimentaire. Ce dernier nous a permis d’adresser notre problématique et d’améliorer le processus de production afin de le rendre à grande échelle.
Peut-on qualifier OCNI Factory de « FoodTech » ? Comment ce marché a-t-il évolué ces dernières années ?
Selon moi, OCNI Factory est beaucoup plus sur une innovation d’usage qu’une innovation technologique. Lorsqu’on regarde attentivement le marché, OCNI se situe plus sur l’épicerie fine et le marché du cadeau. En effet, nous proposons un produit tellement innovant que c’est très facile à offrir.
Finalement, OCNI est un peu un ovni situé entre plusieurs marchés, notamment celui de l’innovation, des produits alimentaires et du cadeau.
L’activité d’OCNI Factory a-t-elle connu des changements significatifs ces dernières années ? Les comportements et les besoins ont-ils évolué ?
Effectivement, on note l’évolution progressive d’un besoin de la part de nos consommateurs. Ils souhaitent en savoir davantage sur la composition de nos produits, nos fournisseurs, le lieu et le processus de fabrication, etc. Ayant toujours travaillé en totale transparence, cela ne nous dérange pas. Au contraire, c’est quelque chose de plutôt positif.
Pour ce qui est du comportement d’achat, si l’on se réfère aux deux dernières années, le premier confinement nous a conduits vers une baisse d’activité. Nous avons dû rester fermés tout au long de cette période. Toutefois, comme je le disais plus tôt, nous sommes sur le marché du cadeau. On note que, malgré les périodes compliquées, les consommateurs continuent de se faire plaisir avec des cadeaux.
Par conséquent, on continue à garder le cap et même si les choses évoluent, elles ne nous impactent que peu.
Comment faites-vous connaître la marque ?
C’est grâce au réseau que nous avons réussi à créer. Aujourd’hui, OCNI travaille avec à peu près 500 boutiques indépendantes sur le terrain, soit des épiceries fines ou des conceptions par exemple. Ces boutiques sont nos meilleurs ambassadeurs sur le terrain, car ils font des dégustations dans leurs boutiques et présentent nos produits à tous leurs clients.
Nous participons également à deux salons chaque année qui contribuent à faire connaitre la marque. Cette année, par exemple, nous serons présents pour la 5e fois au salon du Made in France à Paris en novembre. Comme l’indique son nom, c’est un évènement qui tourne autour du made in France pour un côté national. OCNI participe aussi au MIAM, un salon local connu basé à Alès. C’est le salon de la gastronomie sur notre secteur.
En outre, il y a toute une stratégie média : contacter la presse écrite, la presse radio et même la télévision, etc. Au début, cette partie nous l’avons gérée tout seuls jusqu’à ce qu’on prenne conscience de certaines limites. Aujourd’hui, nous travaillons avec une agence de presse qui s’en occupe pour nous. On se rend compte que c’est un canal qui porte ses fruits et qui permet de nous faire connaitre à une échelle nationale.
C’est l’ensemble de toutes ces actions, ainsi que l’activité des réseaux sociaux, qui nous permettent de faire connaitre la marque.
Où en êtes-vous dans le développement de ce projet ? Comment comptez-vous financer l’activité d’OCNI Factory ?
OCNI Factory est dans une phase de commercialisation qui est bien activée. Nous travaillons avec des boutiques indépendantes et quelques chaînes de magasins. Nous nous exportons dans des pays limitrophes de la France (la Belgique, la Suisse, etc.) et au Japon.
Aujourd’hui, en ce qui concerne la poursuite du développement, nous continuons de privilégier l’autofinancement du produit. Nous avons fait ce choix afin de garder le contrôle sur le projet. Par contre, pour ce qui est de nos projets à venir, nous sommes ouverts à toute sorte de financement. Que ce soit une levée de fonds, un financement participatif, etc.
Quelles difficultés avez-vous connues lors de votre parcours entrepreneurial ?
Je pense que la difficulté principale, c’est d’une part le besoin de tout connaitre à tous les niveaux, et ce, même lorsqu’on est bien accompagné. Que ce soit au niveau commercial, au niveau de la RH ainsi que sur toute la partie législation alimentaire. D’autre part, la difficulté réside aussi dans le fait de rester à jour sur tout cela. Les lois évoluent au fur et à mesure, mais nous ne sommes pas forcément tenus au courant de ces changements. Quand on est entrepreneur, les structures autour de nous et même nos salariés attendent que l’on soit au courant de tout. C’est un vrai challenge au quotidien.
La seconde difficulté a été le financement. Une phase plutôt compliquée, car notre banque ne nous a pas accordé sa confiance. C’est ce qui nous a poussés à financer tout en interne. Lorsqu’on commence un business et qu’on n’a pas de réseau, faire du financement participatif est compliqué parce qu’on n’est pas du tout connu. Et si la banque ne nous fait pas confiance, cela l’est d’autant plus.
Sur quoi misez-vous pour votre développement ? Comment imaginez-vous cette activité dans 5 ans ?
Dans un premier temps, on va continuer à développer des OCNI pour élargir la gamme. Des produits qui respecteront toujours la charte Ocnienne, c’est-à-dire des produits made in France, bio, sourcés avec soin, innovants et fun. Idéalement, on aimerait sortir un nouveau produit pour courant 2023.
À terme, on aimerait peut-être revenir à la partie évènementielle de l’activité. Cela nous permettrait d’avoir un lieu physique pour aller plus loin dans la conception de produits. Autrement dit, pouvoir sortir des produits qui répondront à la charte ocnienne, mais qui ne répondront pas forcément aux contraintes de notre marché. À savoir la température de conservation, une longue date de conservation, etc.
À terme, nous souhaitons revenir à notre première activité et créer des expériences immersives qui feront appel à tous les sens. L’idée est de garder l’ADN d’OCNI, mais dans un lieu plus expérientiel.
Nos remerciements à Tristan Cano, Directeur Général et cofondateur d’OCNI Factory.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one