Groover, la plateforme de référence pour la promotion musicale : Rencontre avec son CEO et cofondateur, Romain Palmieri

Romain Palmieri, CEO et cofondateur de Groover, la plateforme de référence pour la promotion musicale.

Fondée en 2018, Groover est une société de services aux artistes axée sur la promotion musicale. Sa mission est de donner à tous les artistes indépendants les moyens de faire entendre leur musique et d’accélérer leur carrière.

Pour le Journal du manager, Romain Palmieri se prête au jeu des questions et nous raconte l’histoire de la plateforme qui permet de promouvoir sa musique.

Quel fut votre parcours professionnel et entrepreneurial avant Groover ? Quelles sont les grandes étapes ?

J’ai créé Groover en fin d’études, à l’ESSEC. Je suivais un programme entrepreneurial avec mes cofondateurs, Rafael Cohen et Dorian Perron, à l’Université de Californie, à Berkeley.

À cette époque, je faisais pas mal de musique en parallèle de mes études. Mon père faisait partie d’un groupe de rock et j’avais un EP de Pop Indé. J’avais également créé mon propre label, December Square. Par conséquent, le problème que nous essayons aujourd’hui de résoudre avec Groover, je l’avais vécu. De même pour mes cofondateurs, à travers d’autres expériences qu’ils avaient eues dans la musique. Que ce soit en tant que fondateur de média ou réalisateur de clip dans le rap, etc.

Tous les trois, on avait vécu des aventures liées à la musique. C’est ce qui nous a poussés à créer Groover en 2018 et à nous consacrer à 100 %. Depuis, Groover reste un projet qu’on défend à fond pour aider les artistes indépendants dans leur trajectoire.

Comment Groover est-il né ? Pourquoi avoir fondé cette activité en 2018 ?

Il y avait un premier déclic qui était nos expériences personnelles à chacun d’entre nous. De mon côté, c’était la sortie de mon EP. Je me rendais compte de la complexité de promouvoir sa musique, du grand nombre de projets qui sortaient au même moment, du coût élevé des services d’un attaché de presse, etc. Cela m’a fait prendre conscience de la difficulté d’être un artiste indépendant.

D’un autre côté, mes cofondateurs, notamment Dorian Perron, avaient créé un média de mise en avant d’artistes. Avec son blog, il recevait des centaines de mails par jour et n’avait pas le temps de répondre. Le service n’était pas filtré et peu qualifié. C’est de là qu’est née l’histoire de Groover. Comment créer une boucle de communication entre des artistes qui ont le même problème que moi, et les médias qui ont le même problème que Dorian ?

Nous avons donc commencé avec des idées qui n’étaient pas forcément celles de Groover au départ, mais qui étaient toujours liées à la musique. Nous avons contacté 200 artistes dès le premier mois, entre les États-Unis et la France. Puis, nous nous sommes rendu compte que la promotion était le problème numéro 1. La production et la distribution sont des étapes de plus en plus faciles, en revanche trouver les bons contacts, être accompagné, développer des partenariats, etc. reste plutôt compliqué. C’est ainsi que nous nous sommes concentrés sur la promotion. La plateforme Groover vient rendre accessible, possible, et permet de franchir cette première barrière de l’écoute qui est toujours difficile.

Pouvez-vous présenter votre activité en quelques mots ? Comment les artistes peuvent-ils promouvoir leur musique auprès de Groover ?

Groover est une plateforme qui permet aux artistes indépendants et à leurs représentants d’envoyer leurs musiques à des playlists (spotify, deezer, etc.), aux radios et aux curateurs de la musique avec qui nous collaborons.

Ces derniers réalisent des campagnes pour promouvoir leur musique. Ils dépensent des microsommes (2 € = 2 Grooviz) par contact afin de pouvoir sélectionner les contacts les plus pertinents par rapport à leur musique. Nous les aidons dans ce processus avec un système de filtre. Par exemple, pour une campagne de 50 contacts, soit un budget de 100 €, les musiciens sont assurés que leurs chansons seront écoutées dans la semaine. Au-delà de l’écoute, ils reçoivent au minimum un feedback de la part des contacts sélectionnés, et souvent plus (des partages en playlist, des articles dans des magazines, etc.).

En fin de compte, ce que nous offrons, c’est la garantie d’écoute et de feedback dans la semaine. Dans le cas contraire, ils sont recrédités pour recontacter d’autres professionnels. Pour ce qui est des médias, des radios et des professionnels, nous offrons la capacité de filtrer et de découvrir des projets plus rapidement (des projets qu’ils n’auraient pas découverts sans Groover), et de monétiser leurs services. Ainsi, Groover accompagne les professionnels dans le développement de leur activité.

Comment l’activité de Groover a-t-elle évolué depuis sa création ?

En quelques mots, ce qui a été particulièrement fort, c’est qu’on est passé de zéro utilisateur à 150 000 artistes inscrits dans 100 pays différents. Plusieurs millions de feedbacks réalisés sur la plateforme, sans compter une communauté de plus de 2000 médias, radios et professionnels actifs qui a un taux de réponses moyen autour de 90 %.

Nous sommes principalement présents aux États-Unis, en Europe et au Brésil.  De plus, nous lançons de nouveaux produits pour compléter notre gamme de services.

Comment expliquez-vous le succès de Groover ?

La principale raison de notre succès, c’est que nous avons créé une solution qui répond à un vrai besoin. Nous nous sommes battus pour comprendre le besoin principal des artistes et créer une offre qui y réponde de façon juste et nouvelle.

Notre vision de départ est de dire qu’il est plus simple de produire de la musique et de la distribuer en ligne. Avec un ordinateur, on peut faire un morceau et le mettre en ligne sur Spotify le lendemain. C’est d’ailleurs pour cela que le nombre de morceaux sortis par jour est passé de 20 000 en 2018 à 100 000 en 2022. Cet élément de vision que nous avions dans le projet n’a fait que s’accentuer et continuera de s’accentuer. Ce qui est une bonne nouvelle, car il y aura de plus en plus de musique. Néanmoins, il en découle une problématique. Du côté des artistes, il s’agit de savoir comment promouvoir sa musique et se faire connaitre par les bonnes personnes. Du côté des médias, des radios et des professionnels, il s’agit de savoir comment filtrer et simplifier ses écoutes.

Groover vient répondre pertinemment à cette problématique en se concentrant sur les artistes indépendants qui sont le futur de l’industrie musicale. En effet, avec autant de projets, de modes de consommation polarisés sur le streaming et de volume de contenu, l’industrie ne va pas uniquement se concentrer sur des superstars. Elle va également se diversifier et avoir plus de petits mouvements de niche à l’échelle de certains pays.

Pour résumer, la raison de notre succès est que nous sommes arrivés avec un produit qui répondait à un besoin fort sur la promotion et la curation. Dans la tendance du marché actuel, ce sont les deux plus gros problèmes de l’industrie musicale et les plus grosses difficultés que rencontrent beaucoup d’acteurs.

Quelle a été votre stratégie à l’international ?

Sur l’internationalisation de notre croissance, nous commençons toujours par l’acquisition de notre catalogue d’offres. En d’autres termes, nous débutons par le recrutement de contacts médias et pros (une cinquantaine au minimum) pour montrer qu’on est présents.

Ensuite, nous mettons en place une stratégie d’acquisition globale d’artistes. Parmi nos nombreux canaux, il y en a 4 que nous utilisons principalement pour nous faire connaitre auprès des artistes. En premier lieu, notre blog et notre contenu disponible pour beaucoup d’artistes et dans de nombreuses de langues différentes. On y donne des conseils, on montre des success stories et l’on parle de projet. Le deuxième canal concerne les partenariats, notamment avec CD Baby, Tunecore, Soundcloud, etc. Cela nous permet de nous faire connaitre davantage. Le troisième canal renvoie aux campagnes payantes (les publicités sur les réseaux sociaux, le SEA, etc.). Enfin, il y a le bouche-à-oreille qui est de plus en plus fort, et qui représente un atout très important de notre déploiement et de notre développement.

Pour répondre plus simplement à la question, on se concentre toujours sur l’acquisition de l’offre dans un pays. Et ensuite, nous testons, déployons et lançons ces canaux d’acquisition dans les pays où l’on souhaite se déployer.

Avez-vous misé sur votre expansion aux États-Unis dès le démarrage de l’activité ?

Il se trouve que nous avons commencé aux États-Unis, car nous étions en fin d’études à Berkeley, à San Francisco. Dans l’industrie de la musique, le monde anglo-saxon est le principal marché. Nous avons commencé sur le marché français, avec une approche assez américaine dans la culture. Finalement, c’est devenu une évidence assez naturellement, d’où la raison du lancement du bureau à New York en mars 2022 et notre développement là-bas comme une priorité stratégique.

Sur quoi misez-vous pour votre développement ?

Nous avons deux principaux fers de lance stratégiques. Le premier est le déploiement aux États-Unis comme priorité numéro un, une vraie réussite depuis plusieurs mois. En plus d’être un énorme marché pour la musique, c’est un pays dans lequel nous avons énormément de curateurs et de nombreux partenariats avec des distributeurs. Notre enjeu est d’être de plus en plus présent sur le territoire américain et cela reste une priorité clé.

Le second concerne le déploiement de nouvelles offres pour les musiciens. C’est le cas de Groover Club et Groover Obsessions qui vont être complémentaires et renforcer l’accompagnement que l’on propose. Nous aspirons à proposer plus de services et de suivi, permettant ainsi aux artistes indépendants de se développer et d’être relayés.

Quelles leçons retenez-vous de cette aventure entrepreneuriale ? Auriez-vous des conseils à donner aux jeunes entrepreneurs ?

Je pense que le premier conseil serait d’être sûr que l’on répond à un besoin fort lorsqu’on lance un projet. Il faut également être sûr que ce besoin est aussi un business, c’est-à-dire que des gens sont prêts à payer pour votre solution.

Selon moi, en tant qu’entrepreneur, ce sont les deux hypothèses de base qu’il faut valider avant même de créer un produit. Par exemple, lorsqu’on a créé Groover en 2018, notre premier produit était un formulaire Google dans un WordPress. Finalement, nous avons eu plus de 100 artistes qui ont commencé non seulement à utiliser ce premier produit, mais aussi à payer pour des campagnes. Cela montre que c’était un réel besoin et qu’il y avait une demande. Aujourd’hui, Groover compte près de 150 000 adhérents.

Nos remerciements à Romain Palmieri, CEO et cofondateur de Groover.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one

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