Fondée en 2020 par Nicholas Mouret, Greenmetrics est une start-up française dont la mission principale est de mesurer et de réduire l’empreinte environnementale numérique des entreprises. Greenmetrics est la plateforme d’optimisation de la pollution digitale. Elle permet aux entreprises et administrations de réduire leurs impacts environnementaux liés à leur activité numérique.
Pour le Journal du Manager, Nicholas nous raconte la genèse de son projet, et nous explique l’importance de mesurer l’impact de nos actions numériques sur l’environnement.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Greenmetrics ? Pourquoi avoir fondé cette activité en 2020 ?
Il y a 6 ans de cela, j’ai cofondé Privacia Recyclage, une entreprise spécialisée dans la collecte et le traitement des déchets. J’ai revendu cette entreprise il y a 8 mois au groupe Paprec qui est un des leaders français du recyclage. En échangeant avec mes clients de l’époque, une thématique est ressortie, celle de la pollution numérique. Je parle ici des impacts environnementaux de l’activité numérique des entreprises que ce soit en front ou en back.
Avant la cession, j’avais commencé à travailler sur un projet. Une solution qui puisse mesurer ces impacts et ce type de pollution, et recommander des actions pour réduire cette pollution. De là, est née l’idée de Greenmetrics, puis le projet a vu le jour. Tout d’abord, il y a eu à peu près 1 an de recherche & développement sur notamment la manière de collecter les informations, puis le projet s’est accéléré en fin d’année 2020.
Quelles solutions propose Greenmetrics ?
Aujourd’hui, Greenmetrics est le premier outil automatisé pour mesurer et piloter les impacts environnementaux du numérique. Pour ce faire, nous nous connectons à l’informatique et intégrons toute la partie des équipements utilisés au sein d’une entreprise. Cela nous permet d’analyser les usages comme le cloud et les lieux d’hébergement des différents serveurs utilisés. Nous analysons également l’alimentation en électricité dans le cadre de l’activité numérique. Ensuite, nous tenons compte de deux paramètres : usage et équipement. Puis, nous donnons un nombre d’indicateurs dynamiques en fonction du mix énergétique par pays. Ces indicateurs permettent aux clients de prendre des décisions et de mesurer leur impact environnemental afin de le réduire. Les leviers sont indiqués dans la plateforme de manière automatique. Aucun renseignement n’est à fournir au préalable, tout est automatisé.
Ces différents leviers projettent l’économie en matière d’émission générée. En outre, sur une partie financière, nous allons donner en temps réel une valeur du parc informatique. Cela permet au DSI de prendre la meilleure décision, au meilleur moment sur le choix de se séparer ou non de chaque équipement de l’entreprise.
Concernant les usages, notre solution n’est pas intrusive. Nous analysons les volumes de données, c’est-à-dire la taille, le poids d’un document par exemple. Parallèlement à cela, nous développons une solution qui propose le même travail, mais sur des sites e-commerce. Et ce, afin de pouvoir mesurer l’empreinte carbone d’un parcours utilisateur sur un site.
L’idée est de donner chaque année un bilan carbone numérique à une entreprise, et à moyen terme pouvoir appliquer d’autres verticales avec la même analyse qui est de toujours mesurer puis de piloter sur l’énergie des bâtiments ainsi que la mobilité. Nous avons voulu créer un « espace salarié » dédié dans lequel il va retrouver ses métriques qui sont confidentielles, mais également les métriques de l’entreprise et les recommandations personnelles et globales. Cet espace va devenir un élément sur lequel une entreprise peut sonder sur des questions environnementales et un peu plus largement sur des questions RSE. Cela va devenir un outil d’échange et de communication sur ces aspects, avec un peu de gamification. Nous souhaitons de Greenmetrics deviennent le Google Analytics avec le pilotage et les recommandations en plus sur la partie carbone.
Depuis le lancement de votre activité avez-vous constaté une réelle envie chez les entreprises de diminuer leur empreinte carbone ?
Le combat contre les émissions de gaz à effet de serre est un sujet pris en compte quotidiennement par les entreprises. Cependant, ils restent mitigés dans le choix du poste qu’ils vont attaquer en priorité. Par conséquent, les différentes évolutions sur l’analyse et sur l’automatisation d’un bilan carbone permettent aujourd’hui d’en avoir une cartographie. Suite à cela, les entreprises vont avoir besoin d’un outil qui permette de piloter de manière dynamique et en temps réel leurs émissions. Aujourd’hui, le bilan carbone et l’automatisation ne le permettent pas, car c’est une image figée à un moment donné.
Selon vous, la pollution numérique est-elle trop sous-estimée ?
Il est vrai. Il y a aujourd’hui une méconnaissance de cette pollution. Selon moi, c’est l’impact réel du numérique sur l’environnement que l’on sous-estime. Pour ce qui concerne les équipements, nous sommes tous conscients de ce qui se fait, notamment l’iPhone qui sort tous les ans. En effet, c’est une pratique à réglementer auprès des fabricants. En revanche en ce qui concerne les envois de mails et les appels visio, le lien n’était pas fait entre leur activité au quotidien et le fait de se dire qu’un data center cela consomme énormément.
Nos cibles sont des entreprises à dimension fortement digitale, car l’aspect numérique représente 60 % de leur bilan carbone. À contrario, ce pourcentage est plus faible pour des entreprises moins digitalisées et plus orientées sur le terrain. Cela fut notre stratégie pour deux raisons : la première est que le poste des missions qui est exponentiel aujourd’hui c’est le numérique. La deuxième est que les entreprises migrent vers une digitalisation et que c’est en train d’accélérer. Ce pont numérique, pour l’ensemble des entreprises, va être de plus en plus important dans leur bilan carbone. Ensuite stratégiquement à moyen terme, en ajoutant d’autres verticales, nous allons pouvoir couvrir avec un outil dynamique de mesure et de pilotage la totalité et l’ensemble des émissions carbone d’une entreprise.
Pouvez-vous nous partager quelques astuces afin d’améliorer notre empreinte numérique au quotidien ?
Il y a des gestes que nous connaissons tous, mais que nous avons tendance à oublier : éteindre son ordinateur par exemple. Essayer de faire durer nos équipements ! Il est préférable de garder le plus longtemps nos équipements même si l’on prévoit de les renouveler. De plus, lors de l’achat de matériels, vérifier grâce à des indicateurs de réparabilité et de durabilité, qu’ils soient facilement réparables et qu’ils soient durables. Enfin, en matière d’usage, il y a le tri dans les e-mails, ne pas forcément répondre aux e-mails en remettant les pièces jointes. Sur un e-mail à l’unité, cela paraît ridicule, mais il suffit de calculer le nombre de fois où vous effectuez cette tâche multipliée par le nombre de collaborateurs dans l’entreprise, cela reste assez conséquent. Le choix de ses hébergements est aussi une action importante.
Aujourd’hui, un data center en Irlande va générer beaucoup plus de CO2 que celui en France. Cela est dû à un mix énergétique plus carboné en Irlande. Ces données, nous en tenons compte et elles sont intégrées dans les recommandations que nous donnons. Voilà quelques idées utiles.
Quelles sont vos ambitions pour Greenmetrics ?
Nous terminons actuellement une levée de fonds que nous annoncerons dans les prochaines semaines. Nous allons déployer la verticale numérique et y ajouter d’autres verticales comme la mobilité et l’énergie des bâtiments. Enfin, notre second produit, la mesure des impacts liés à l’activité des sites internet verra le jour fin 2021. Afin d’accélérer le processus de son déploiement, nous espérons rejoindre l’incubateur d’une licorne française en fin d’année.
Nos remerciements à Nicholas Mouret, cofondateur de Greenmetrics.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one