Fondée en 2019, Mama Bears est une application à destination des familles monoparentales, notamment les mamans solos. Grâce à sa solution, la startup permet à ces dernières de faire des rencontres, de se créer un réseau amical à des fins d’entraide et de profiter de bons plans.
Pour le Journal du Manager, Nathalie Moysan nous fait part de son aventure entrepreneuriale avec Mama Bears et des difficultés que rencontrent les mères célibataires.
Quelle est l’histoire de Mama Bears ? Comment vous est venue cette idée ?
Je me suis retrouvée seule avec mes filles quand elles avaient 3 ans. Très vite, j’ai été dépassée dans ma vie de maman, de femme active et de femme. Puis, j’ai trouvé dommage qu’on soit plusieurs millions de mères célibataires en France et qu’il n’y ait aucun outil qui nous permette de fédérer nos besoins et nos efforts. De là m’est donc venue l’idée de créer cet outil.
Tout a commencé par une page sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. Ce fut un succès dès le premier jour de création avec 500 abonnés et aujourd’hui, nous sommes un peu plus de 52 000. Cette page m’a permis de tester mes idées et aussi d’avoir les retours des mamans. Petit à petit, le projet s’est construit.
Au début, j’ai rejoint un premier incubateur, c’était Les Premiers Île de France. Cela m’a permis de mettre un pied dans le monde des start-ups que je ne connaissais pas. J’ai eu l’occasion de me familiariser avec tout l’écosystème, toutes les aides disponibles et tous les accompagnements dont on peut bénéficier. Ensuite, j’ai rejoint un deuxième incubateur qui était Empow’her, toujours dans la même lancée. Enfin, j’ai créé la société en janvier 2021 et j’ai été lauréate du Réseau Entreprendre Val-d’Oise qui m’accompagne depuis. Voilà comment tout a commencé.
Pouvez-vous présenter le concept, l’activité de Mama Bears ?
Alors, le concept est très simple. Mama Bears cherche à rendre la vie des mamans solos plus douce. Pour ce faire, on entoure les mères en difficulté par une communauté d’entraide.
Sur l’application, les mamans peuvent faire plusieurs choses. La première, c’est créer du lien social et donc, se construire un réseau amical et d’entraide. La géolocalisation leur permet de voir qui sont les mamans autour de chez elles, jusqu’à 60 km à la ronde. Un feed d’actualité leur permet d’échanger entre elles, de poser des questions, etc. Cela favorise les échanges. Ensuite, elles peuvent organiser des sorties, car notre but est de les aider à se rencontrer.
Elles ont également accès à des ateliers en ligne. Nous en organisons une quarantaine par an et ils ont lieu uniquement en ligne, le soir quand les enfants sont couchés. Le but de ces ateliers est de traiter des thématiques bloquantes dans la vie d’une maman solo et leur donner accès à des experts à tarifs ultras concurrentiels. Par exemple, elles vont discuter pendant 90 minutes avec un avocat pour moins de 10 €. Plutôt que d’aller voir un avocat toute seule pour des questions complexes du style « pension alimentaire », elles peuvent le faire via les ateliers de Mama Bears. De même pour les consultations chez le psychologue, et tout cela pour moins de 10 € par atelier.
En outre, les mamans solos vont avoir accès à une plateforme semblable à un CE, avec plus de 130 offres négociées pour elles. Elles peuvent faire des économies assez conséquentes en fonction de leurs dépenses, 30 € ; 50 € ou même 100 € par mois de gain en pouvoir d’achat.
Quel est le business model de Mama Bears ?
Pour ce qui est du business model, il y a deux niveaux d’abonnements en B2C. Le premier est basique et ne donne accès qu’aux bons plans pour la somme de 2,99 € par mois. Le second abonnement qui donne accès, en plus des bons plans, à tous nos ateliers et tous les replays des ateliers coûtent 10,99 €. Notons que celles qui ne souhaitent pas s’abonner peuvent quand même participer à un atelier pour la somme de 9 €.
Ensuite, nous avons une offre B2B. Elle est à destination des ressources humaines, pour les entreprises qui veulent soutenir la monoparentalité de leurs salariés. Nous proposons à ces entreprises d’offrir l’abonnement annuel à leurs salariés. Ces abonnements donnent un outil utile au salarié et externe à l’entreprise, il ne se sentira donc pas observé par son employeur. Cette offre donne également accès à tous nos services pendant un an. Le prix est de 200 € hors taxe par salarié et il est dégressif en fonction du nombre de salariés adhérents. Mama Bears accompagne l’offre B2B par un an de communication. De fait, pendant un an, tous les mois, nous fournissons une newsletter aux couleurs de l’entreprise pour les aider à animer leur communauté. Le but n’est pas uniquement de vendre des abonnements, mais de fédérer une communauté et d’avoir la satisfaction de l’employeur.
Aujourd’hui, il est clair que l’un des plus grands défis des mamans solos est la garde d’enfant. En mettant à disposition un outil leur permettant de rencontrer des mamans autour de chez elles, on les encourage petit à petit à s’échanger des services, dont la garde d’enfant. Imaginons que demain, ma fille soit malade et que j’ai une journée très importante au travail, au point de ne pas pouvoir la manquer. L’idéal serait que je trouve une maman autour de chez moi qui puisse garder ma fille. Bien sûr, je ne dis pas que cela se fera du jour au lendemain, mais avec des rencontres et du temps.
Enfin, nous pouvons également servir de media aux entreprises qui souhaitent communiquer et toucher des familles monoparentales, notamment les mamans. Par exemple, en sponsorisant notre atelier ou une partie de notre application.
Comment l’activité de Mama Bears a-t-elle évolué depuis sa création ?
Avant le lancement de l’application, nous avions créé un site internet où l’on mettait uniquement nos ateliers. Pendant la première année d’existence, notre seule source de revenus provenait de ces ateliers et de leurs sponsorings.
Lorsque nous avons lancé l’application, on ne proposait qu’une seule offre en B2C dans un premier temps. Il s’agissait des abonnements à destination des mamans. En effet, nous voulions qu’il y ait le plus de monde possible sur l’application et elle était encore en pleine amélioration. Une fois que l’outil était fonctionnel et bien fourni en utilisatrices, j’ai développé l’offre B2B. D’ailleurs, mon premier client B2B a été la DGFIP, ils soutiennent 300 de leurs salariées.
Aujourd’hui, je me concentre sur le B2B, car c’est là qu’il y a vraiment l’utilité. Certaines mamans ne peuvent se permettre de s’offrir un abonnement, même s’il est peu coûteux. D’où l’utilité de se le faire offrir par son employeur.
L’idéal serait donc que les employeurs prennent ces abonnements pour leurs salariés : en soutenant la monoparentalité de leurs salariées, les employeurs gagnent en engagement et en amélioration de leur image employeur.
Pour cette année 2023, je pense que 95 % de notre chiffre d’affaires viendra du B2B et 5 % du B2C. Notons qu’en 2022, le B2C représentait 100 % de notre chiffre d’affaires.
Mama Bears cible les mères célibataires. Quelles sont les principales difficultés auxquelles elles doivent faire face ?
Il y a deux sujets qui sont très importants pour les mamans solos. Le premier sujet, c’est le logement. Pour beaucoup d’entre elles, il est très difficile de trouver un logement à un tarif acceptable. Évidemment, il y a les logements sociaux, mais les listes d’attentes sont très longues. On sait également que les bailleurs demandent généralement de gagner 3 fois le montant du loyer, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Bien sûr, il est toujours possible de s’éloigner et vivre dans des endroits un peu moins chers que les villes.
Toutefois, s’éloigner implique la nécessité d’avoir une voiture, sachant que le coût du carburant est en hausse et que tout le monde n’a pas le permis de conduire. De plus, s’éloigner n’est pas toujours évident pour des raisons de garde. Pour le moment, nous n’avons pas encore la solution à ce problème.
Le second sujet, c’est la garde d’enfant. Malheureusement, beaucoup de mamans font le choix d’être mère au foyer plutôt que d’être femme active, car travailler leur coûte plus cher que ne pas travailler. Le système est ainsi fait. Le gouvernement a voté le complément de mode de garde pour les enfants de familles monoparentales, jusqu’à l’âge de 12 ans. Cela est une très bonne chose, mais cette loi a été votée fin 2022 et ne sera mise en place que fin 2025.
Le quotidien des mamans solos est parasité par le logement, la garde d’enfant et le travail par ricochet. C’est un cercle vicieux qui n’est pas évident à rompre.
Comment faites-vous connaître la marque ?
Pour le moment, tout se fait de façon organique vu que nous avons une bonne communauté sur les réseaux sociaux. Évidemment, la presse nous a également fait connaître, mais nous ne faisons pas campagne. Nous misons plus sur le bouche-à-oreille, le référencement organique, sur LinkedIn, pour la clientèle pro, sur Facebook et Instagram pour les particuliers, etc.
Aujourd’hui, vous avez déjà atteint plus de 52 000 Mama Bears sur les réseaux Sociaux. Quels ont été selon vous les facteurs clés du succès de votre entreprise ?
Je dirais que c’est comme arriver dans un endroit, et s’apercevoir qu’on est entouré par des gens qui nous comprennent et nous ressemblent. On se sent forcément bien. Mama Bears, c’est vraiment une famille où tout le monde se tutoie et où l’on trouve toute sorte de métiers. En outre, il y a une mixité sociale assez intéressante qu’on ne ressent pas forcément quand on est sur Mama Bears.
Nous, tout ce qu’on veut, ce sont des mamans qui se battent pour élever leurs enfants et qui sont là les unes pour les autres.
Pourquoi avoir choisi de lancer une campagne Ulule comme moyen de financement ? Que retenez-vous de cette expérience ?
J’aime bien Ulule, car c’est une plateforme qui permet de communiquer et de toucher des sponsors qui ne sont pas atteignables en étant seul. Par exemple, lors de ma première campagne, j’ai été sponsorisée par Contrex et ensuite, j’ai gagné un prix avec eux. Au cours de la dernière campagne, j’ai gagné un prix avec Mustela. En ce qui me concerne, Ulule me permet de faire énormément de choses. À savoir : rentrer un chiffre assez conséquent d’un coup ; faire de la communication ; toucher des sponsors ; avoir un bon référencement.
L’entrepreneuriat, un hasard ou une vocation ? Quel bilan tirez-vous au bout de trois ans d’activité ?
Disons que c’est plutôt une vocation. Il faut savoir que je viens d’une famille d’entrepreneurs. Et que ce soit le hasard ou pas, les hommes importants de ma vie sont tous entrepreneurs.
Pour la petite histoire, la première fois que j’ai monté une entreprise j’avais 8 ans. J’ai reçu des tampons encreurs pour Noël, alors j’ai tamponné beaucoup de feuilles que j’ai agrafées. Ensuite, j’ai fait le tour du voisinage et j’ai vendu mes œuvres d’art aux mamans de mes amies. Cela ne m’a pas rapporté beaucoup d’argent, mais j’étais très fière de moi.
Le chemin de l’entrepreneuriat est tout sauf un chemin lisse. On passe par des victoires comme par des creux qui souvent te poussent à vouloir tout abandonner. Il faut savoir s’entourer, mais surtout il faut savoir demander de l’aide parce que c’est important de ne pas rester isolé avec ses soucis. Cette aventure m’a appris à ne pas avoir une fierté mal placée, car dans l’entrepreneuriat, la fierté empêche d’avancer.
Quelles sont vos ambitions pour Mama Bears ? Comment imaginez-vous cette activité dans 5 ans ?
Dans 5 ans, j’imagine que j’aurais déjà ouvert de nouveaux marchés. Plus précisément le Canada, la Grande-Bretagne et la Belgique, vu que les comportements de la monoparentalité dans ces pays ressemblent beaucoup à ce qu’on a en France. De plus, cela m’évite de devoir développer trop de langues à la fois.
J’aimerais également un tas de choses d’ici là. Par exemple, toucher au moins 10 % des familles monoparentales et lancer Papa Bears. Même s’ils sont moins nombreux, les pères célibataires sont bien là et ils ont également des besoins. Enfin, je souhaite que Mama Bears devienne l’acteur incontournable de la monoparentalité : l’outil qui accompagne les parents solos au quotidien et qui leur facilite la vie.
Nos remerciements à Nathalie Moysan, fondatrice de Mama Bears.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one
