Marie Nguyen et Antoine Coulaud ont fondé WeDressFair, le site e-commerce consacré à la mode, qui met en lumière les marques engagées, éthiques et responsables.
Pour le Journal du Manager, Marie nous raconte l’histoire de ce projet ainsi que son souhait de voir le monde de la mode évolué durablement.
Qu’est-ce que WeDressFair ?
WeDressFair, c’est un site qui rassemble des marques de mode responsable. Des marques qui produisent en se souciant de leur impact sur les femmes, les hommes et l’environnement.
Quelle est l’histoire de WeDressFair ? Pourquoi avoir quitté le secteur de la recherche pour la mode éthique ?
J’étais trop pressée pour continuer à faire de la recherche. J’admire la patience des chercheurs, mais pour moi ça ne bougeait pas assez vite. J’avais besoin de voir que ce que je faisais avait un impact direct sur le monde qui m’entoure. J’ai fait pas mal d’associatif à côté de la recherche et je me suis sentie complètement vivante aux côtés de bénéficiaires. C’est ça qui m’a poussé à créer mon entreprise dans l’économie sociale et solidaire.
Comment je suis arrivée ensuite dans la mode ? C’est en me frottant à la quantité de vêtements que l’on récupérait dans les associations que je me suis vraiment rendue compte qu’il y avait un problème de fond. On achète trop de vêtements que l’on utilise trop peu longtemps. Et à côté de cela, ces vêtements sont souvent encore faits dans de mauvaises conditions. J’ai eu envie de mettre en avant les marques de mode qui étaient à contre-courant de cette mode rapide, et qui prennent soin des personnes avec qui elles travaillent et de l’impact des matières et procédés de transformation sur l’environnement.
Comment avez-vous financé ce projet ?
J’ai co-fondé WeDressFair avec Antoine et d’abord on y a mis une partie de nos économies. Puis mon chômage a permis de financer ma vie de tous les jours : loyer, charges… Ensuite nous avons eu la bourse French-Tech ce qui nous a permis de financer une partie du développement de la plateforme (Antoine a développé la première version, mais il a eu besoin de renfort). Puis nous avons réussi à avoir un prêt solidaire.
Pouvez-vous nous parler du parcours d’entrepreneurs Ticket For Change ? Qu’est-ce que cela a apporté à votre parcours ?
Ticket For Change est une association qui nous a accompagné pour passer de l’idée à l’action. Ils accompagnent des entrepreneurs sociaux qui veulent faire bouger les lignes. Ce fut une super belle aventure humaine avant tout et ça nous a tout de suite plongé dans le grand bain. Tout au long du parcours, on a rencontré des mentors expérimentés qui nous ont apporté leur vision. Aujourd’hui toute notre promotion Ticket for change de 2017, est encore très très soudée, c’est comme une grande bande de copains, et franchement c’est super de voir que beaucoup de projets sont devenus des belles entreprises !
Vos compétences en biotechnologie vous servent-elles encore au quotidien ?
Pas directement, mais ce que l’on apprend quand on est scientifique c’est surtout la démarche. Poser des hypothèses, expérimenter, mesurer et appliquer puis recommencer, c’est vraiment comme cela qu’on avance.
En France, sommes-nous en retard face à la mode éthique ?
Cela dépend du référentiel, en retard par rapport à l’Allemagne, très probablement. Par rapport aux Etats-Unis, on est plutôt en avance. En tout cas la question est vraiment au coeur des débats aujourd’hui, et heureusement. On ne peut plus ignorer le fait que l’industrie textile doit changer.
Quels conseils pourriez-vous donner aux personnes souhaitant avoir une consommation plus responsable ?
De procéder par étape. La première chose pour diminuer son impact, c’est de consommer moins, puis de trouver des alternatives de consommation. Je dirais aussi qu’il ne faut pas se fier uniquement au produit, mais il faut regarder l’ensemble de l’entreprise. Un produit peut être vertueux mais être développé par une entreprise qui l’est beaucoup moins. Avoir accès aux informations sur tous les produits et sur les entreprises permet ensuite de choisir en toute transparence.
Aviez-vous toujours songé à l’entrepreneuriat ?
Non, je ne suis pas une « entrepreneure née » et je ne pense pas que cela existe réellement. J’ai eu dans mon entourage des entrepreneurs donc je pense que ça y contribue, mais être entrepreneur-e pour moi c’est surtout savoir bien s’entourer et oser.
Auriez-vous des conseils à donner aux lecteurs du Journal du Manager souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Souvent quand on souhaite se lancer c’est qu’on pense avoir une bonne idée. La première chose, c’est d’aller tester cette idée. Il ne faut pas attendre pour aller tester son idée auprès de ses clients. Trop souvent on voit des entrepreneurs qui se questionnent sur leur BP, sur leur business model,… sans même être allés voir leurs clients. Mais au final, c’est eux qui seront les mieux placés pour donner des feedback et faire avancer un projet. Donc Oser, Tester, Mesurer, Tester, Mesurer, etc…
Comment voyez-vous l’avenir de WeDressFair ?
Nous souhaitons répondre à plus de marques et à plus de consommateurs pour que toutes les alternatives soient accessibles. Donc dans l’avenir proche, j’espère que nous pourrons faire grandir le site, avec plus de marques, et plus de produits / catégories de produits. On essaie notamment de renforcer notre catalogue de marques locales. Et évidemment, on espère pouvoir embaucher plus de jeunes talents pour permettre de faire grandir le mouvement de la mode éthique.
Nos remerciements à Marie Nguyen, co-fondatrice de WeDressFair.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one.