Fondée en 2018, Elqano est une startup qui connecte les collaborateurs qui ont des questions avec ceux qui ont des réponses. L’entreprise développe une solution logicielle collaborative basée sur la data, l’intelligence artificielle et le partage de connaissances.
Pour le Journal du Manager, Yann Echeverria accepte de se prêter au jeu des questions-réponses.
Pouvez-vous nous présenter l’histoire et l’activité d’Elqano ?
Pour la petite histoire, j’ai travaillé pour une multinationale située à Genève, dans un immeuble qui accueillait près de 4000 personnes. J’étais en charge de mettre en place des outils de collaboration à l’échelle du groupe.
À cette époque, une de mes collègues réalisait une étude de marché et une recommandation stratégique pour l’entretien de nouveaux marchés. Il lui a fallu 6 mois pour rassembler les informations et expertises nécessaires afin de mener à bien sa mission. Et un jour, alors que la machine à café du 4e étage ne fonctionnait plus, elle est descendue au 3e étage. Cet incident lui a permis de faire connaissance avec d’autres collègues et de s’apercevoir qu’une autre équipe travaillait sur la même problématique.
Il est clair qu’elle aurait gagné beaucoup de temps et fournit un travail de meilleure qualité s’ils s’étaient parlé plutôt. À partir de là, je me suis demandé pourquoi les grandes organisations ont toujours ce problème-là. À savoir, une difficulté à faciliter les échanges entre les équipes, les filiales, les pays, etc. Bref, entre les employés qui travaillent sur des sujets similaires, mais qui ne se connaissent pas forcément. C’est pour cette raison qu’on a créé Elqano. Le but est de permettre aux entreprises de connecter automatiquement les salariés qui travaillent sur des projets similaires. Et cela grâce à des algorithmes de traitement du langage naturel et l’intelligence artificielle.
Qu’est-ce que le logiciel Elqano, et à qui s’adresse-t-il ?
J’ai créé Elqano il y a 4 ans maintenant. Il nous a fallu 2 ans de recherches et développement pour concevoir une solution qui fonctionne. Nous sommes commercialisés depuis deux ans avec des clients en France, en Allemagne et aux États-Unis répartis dans divers secteurs (conseil, luxe, finance, etc.). À ce jour, nous sommes une dizaine de collaborateurs et nous venons de faire une levée de fonds.
Concrètement, n’importe quel employé peut poser une question à notre logiciel. Les technologies utilisées permettront de comprendre la requête et d’analyser de grandes quantités de données dans l’entreprise afin de trouver les personnes les plus qualifiées pour lui venir en aide.
Comment fonctionne la technologie mise au point par vos équipes ?
Elqano utilise les technologies de Natural Language Processing. Il en existe plusieurs, notamment BERT qui a été développé par Google et que l’on utilise chez nous. Mais également des technologies appelées Sentence Transformers, qui permettent de comprendre du texte (le sens d’une question, d’un document, etc.).
C’est grâce à ces technologies que le logiciel Elqano est capable d’analyser les textes, de comprendre sur quoi travaillent les collaborateurs et de les connecter.
Comment l’activité d’Elqano a-t-elle évolué depuis sa création ?
Pendant les deux premières années, nous avons fait énormément de recherches et de tests afin de trouver la bonne solution. Nous avons conçu une première version qui a été déployée chez les clients, mais sans succès. Cela nous a permis d’apprendre beaucoup de choses et de développer la solution actuelle. Certes, un léger pivot sur la solution a été nécessaire pour trouver notre product market fit, mais cela nous a permis de trouver nos premiers clients il y a deux ans.
L’an dernier, leur satisfaction vis-à-vis de notre solution a conduit à 100 % de renouvellement des contrats et une levée de fonds auprès d’un fonds d’investissement.
Quels sont les avantages d’Elqano pour vos clients ?
Il y a plusieurs avantages pour nos clients. L’idée est de connecter les collaborateurs, ce qui implique :
- Un gain de temps : on évite aux employés de refaire un travail qui a déjà été réalisé par quelqu’un d’autre.
- Un meilleur taux de réponse aux appels d’offres : on a plus de chance de la gagner si l’on peut prouver que l’entreprise a déjà travaillé sur le sujet en question dans un autre pays.
- Plus de cohésion : certaines entreprises souhaitent faciliter les échanges et les collaborations entre des équipes ou filiales pour plus de transversalité.
Finalement, on peut dire que notre solution vient en aide aux entreprises qui souhaitent changer leur culture vers plus d’ouverture et de collaboration.
Avez-vous des concurrents ? Comment vous démarquez-vous ?
Il existe quelques concurrents dans notre secteur, car il se développe de plus en plus. En effet, la généralisation du télétravail a révélé le besoin de ces types d’outils pour reconnecter les personnes. La grande différence avec nous, c’est que notre solution analyse directement les documents de l’entreprise. Par conséquent, il n’y a nul besoin de demander aux employés de déclarer leurs connaissances et leurs expertises.
Vous avez levé 900 000 euros en décembre 2022. À quoi ce montant va-t-il servir ? Où en êtes-vous dans le développement de ce projet ?
Les fonds levés serviront à nous développer sur deux axes. Le premier concerne le développement commercial. Nous sommes actuellement en plein processus de recrutement pour accueillir trois nouveaux commerciaux. Le second axe consiste à étoffer l’équipe technique pour développer de nouvelles fonctionnalités et continuer d’améliorer nos algorithmes.
D’ici quelques mois, nous comptons sortir une nouvelle fonctionnalité. Elle permettra de visualiser sur une carte, tous les échanges de connaissances entre les pays et filiales, etc. Mais également de voir quels sont les sujets les plus partagés entre les différentes équipes. De plus, étant dans un secteur où les technologies évoluent très rapidement, nous continuons d’améliorer la nôtre afin de rester à la page.
Quelles difficultés avez-vous connues lors de votre parcours entrepreneurial ? Quelles leçons retenez-vous ?
Étant donné que nous nous adressons aux grands groupes, la plus grande difficulté a été de trouver nos premiers clients. En effet, il fallait prendre le risque de travailler avec une startup. L’autre difficulté était de générer une adoption massive auprès des employés de nos clients. Aujourd’hui, on y arrive, mais au début, c’était difficile.
Quelles sont vos ambitions pour Elqano ? Comment imaginez-vous cette activité dans 5 ans ?
Nous avons l’ambition de devenir l’acteur mondial de référence pour les logiciels de Knowledge Sharing et de connexion des équipes. Pour ce faire, sur les prochaines années, nous continuerons de nous développer en France et à l’international, notamment en Europe.
Nos remerciements à Yann Echeverria, Fondateur & CEO d’Elqano.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one