Fondée en 2021, Commune propose des résidences spécialement conçues pour les familles monoparentales et est aujourd’hui présente exclusivement en France.
Pour le Journal du Manager, Tara Heuzé-Sarmini co-fondactrice de Commune nous présente cette solution de logement novatrice pour les parents solos.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Commune ?
Commune est la première société au monde de coliving dédiée aux familles monoparentales. C’est une société que j’ai lancée avec mon associé Ruben Petri il y a plus de deux ans maintenant.
Il y a quelques semaines, le 7 décembre 2023, nous avons ouvert notre 1ère résidence à Poissy dans les Yvelines qui peut accueillir treize familles d’un parent avec un enfant, ou d’un parent avec deux enfants. L’aventure ne fait que commencer, c’est très excitant. De plus, nous avons une seconde ouverture prévue au printemps 2024 dans le Nord de la France.
Qu’est-ce que Commune ?
Commune c’est une résidence qui mixe espaces privatifs et espaces partagés. L’objectif de ce projet était de répondre à diverses problématiques : les difficultés de logements des familles monoparentales, leur isolement et leur exclusion sociale. Nous savons que les familles monoparentales ont deux fois plus de risques d’être confrontées à l’exclusion sociale que les familles dites classiques. De ce fait, nous avons vraiment pensé à une solution clef en main de logements et de services, pour à la fois permettre aux parents seuls de faire des économies et d’alléger leurs charges mentales et parentales.
Quels sont les avantages pour les familles monoparentales ?
Très concrètement, dans chaque résidence, il y a des espaces privatifs. Chaque famille va disposer d’une unité individuelle avec une deux ou trois chambres, une salle de bain privative et une kitchenette. C’est un vrai cocon d’intimité, un espace de calme nocturne.
Par ailleurs, divers espaces partagés avec cuisine et salle à manger tout équipée y sont inclus. Et pour l’hiver une machine à raclette est même disponible !
Il y a également une salle de jeu polyvalente pour les enfants et une buanderie. Pour la résidence de Poissy, un espace de coworking est mis à la disposition des parents avec un grand jardin, une cour intérieure et même un bar caché ”Le speak easy”.
Ajouté à cela, nous proposons différents services disponibles directement sur place. Cela va de l’internet haut débit en passant par des abonnements multimédias. Chaque résident(e) a des accès Netflix, Disney et Spotify. En amont, le ménage est prévu trois fois par semaine dans la résidence. Nos services incluent également une assistance juridique et du soutien scolaire.
D’autre part, nous allons proposer des services à la carte que les parents peuvent choisir au mois. Notamment du baby-sitting, de la préparation de repas, des groupes de sport et des activités extra-scolaires. Le but est de créer un lieu de vie avec tout ce dont les parents solos peuvent avoir besoin sur place.
Une communauté de soutien est disponible, afin de soutenir les parents et leurs enfants qui vivent dans les communes. Ce sont des familles qui traversent des expériences et phases de vie similaires.
Des outils numériques sont disponibles, notamment une application spécialement développée pour favoriser les échanges entre les familles puis entre les familles et les communes. Grâce à cette application, les résidents peuvent formuler des suggestions et signaler des dysfonctionnements ou éventuels problèmes.
D’ailleurs, il y a également la possibilité d’organiser des événements et de réserver des espaces pour fluidifier et faciliter le quotidien de chacun(e).
Comment vous est venue cette idée de projet ?
Les deux facteurs principaux ont été la pandémie de solitude qui s’est abattue sur nos sociétés et cela s’est particulièrement fait ressentir depuis l’émergence du covid dans nos vies, c’est donc l’envie de répondre à cette problématique qui a initié ce projet.
Par la suite un constat très prosaïque de celui de la crise du logement qui touche encore plus durement les familles monoparentales. Avant Commune les parents solos étaient systématiquement en concurrence sur le même type d’actifs et de biens que les parents en couple.
Dans des marchés économiquement tendus, il est rationnel pour les propriétaires de choisir deux revenus au lieu d’un, par conséquent les parents seuls ont plus de difficulté à trouver un bien qui leur correspondent. De ce fait, il y a des besoins immenses qui ne sont solutionnés nulle part ailleurs, Commune est à ce titre une première mondiale exclusive en France.
Que diriez-vous aux familles monoparentales réticentes à l’idée de rejoindre une commune ?
Tout d’abord, nous avons énormément de retours de parents solos qui nous disent : “c’est mon rêve d’intégrer une commune depuis si longtemps”. Nous avons pas mal de témoignages de personnes qui ont essayé de faire des communes avec des amis.
Alors forcément, c’est un projet très ambitieux qui requiert beaucoup de moyens, donc à part à des échelles restreintes ou individuelles, cela n’avait jamais été fait à grande échelle. Nous avons énormément de remerciements d’avoir mis au jour ce projet et d’avoir créé des espaces qui font sens.
Évidemment, cela peut être inquiétant de changer radicalement de mode de vie, mais je dirais à tous les parents de venir visiter ce que nous proposons puisque ce n’est pas juste une solution alternative, c’est une solution exceptionnelle pour eux. Nous avons eu une réflexion architecturale dans le design des espaces avec des matériaux de qualité, extrêmement poussée tout en préservant l’intimité de chacun(e).
Beaucoup de parents solos se retrouvent à habiter dans des deux-pièces, à devoir dormir dans le canapé du salon sans avoir de chambre parentale. Avec Commune, tout a été à pensé pour eux et avec eux. C’est donc un espace qui correspond 100 % à leurs besoins. Et pour celles et ceux qui sont les plus réticents, cette solution permet aux parents solos d’économiser 20 à 30 % de leurs dépenses mensuelles.
En quoi vous définiriez-vous comme une femme d’influence ?
J’ai en effet reçu le Prix de la Femme d’Influence Espoir en 2022, car de par mes activités, je suis en mesure d’impacter réellement la vie des gens et de changer les lois. Aujourd’hui avec Commune nous sommes en relation directe avec le gouvernement. Nous contribuons à l’amélioration d’une société toujours plus inclusive qui brise les tabous, notamment celui de la monoparentalité. Dans mes activités, j’ai brisé le tabou des règles et aujourd’hui ces actions ont un impact concret sur la vie de millions de personnes, c’est à mon avis ce qui caractérise le mieux mon influence.
Vous avez récemment ouvert une superbe résidence, une seconde ouvrira au printemps 2024, vous avez pour projet d’en ouvrir 500 sur 10 ans, pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, les besoins sont globalisés, la monoparentalité n’est pas une spécificité française, cela existe dans toutes les sociétés du monde, les ruptures familiales et les situations de parents endettés sont le premier facteur de précarité en France et dans la plupart des pays de l’OCDE, avec une chute de niveau de vie pouvant atteindre jusqu’à 25 % après une rupture ou un divorce. Ce sont vraiment des tendances macroéconomiques très importantes où les besoins des communes se font ressentir partout dans le monde. Mon associé est Néerlandais, nous avons huit nationalités représentées dans l’équipe et c’est une volonté de départ de diffuser cette solution le plus largement possible et de la proposer dans différents pays.
Avez-vous bénéficié d’aide ou d’investissements ?
Nous n’avons pas d’aide publique ni de subventions pour le projet. 1,5 million d’euros ont été levés à l’été 2022 auprès d’investisseurs engagés à nos côtés. De plus, une part en dette a également été obtenue avec le soutien de BPI France.
En outre, nous sommes en ce moment même en train de relever de l’argent pour poursuivre notre développement.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour mener à bien ce projet ?
Lorsque que l’on est le premier sur un marché, les investisseurs sont assez frileux pour financer un projet d’innovation radicale et réelle. En effet, il est plus simple de trouver de l’argent pour améliorer des processus existants que pour proposer une réelle innovation, c’est quelque chose auquel on a dû faire face avec Commune.
Il y a beaucoup de choses à changer, à faire évoluer, et armés de détermination, d’expériences et de nos réseaux, on a pu convaincre des investisseurs immobiliers.
Que diriez-vous aux jeunes entrepreneurs qui ont peur de l’échec ?
Je dirais qu’il n’y a rien à perdre et tout à gagner en anglais on dit : “Done is better than perfect”.
Ne pas se lancer, c’est passer à côté de mille apprentissages et surtout d’expériences de vie absolument dingues. C’est effrayant et fatigant mais il y a tellement de choses à apprendre sur le chemin et surtout avoir l’opportunité de réellement changer le monde. Et même si vous échouez vous aurez tellement appris, comme le disait Winston Churchill “Le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.”
Nos remerciements à Tara heuzé-Sarmini, co-fondatrice de Commune.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one
