HappyVore, l’alternative végétale qui cultive la passion du goût : Rencontre avec son CEO, Guillaume Dubois

Guillaume Dubois (à gauche) & Cédric Meston (à droite). Les cofondateurs d'HappyVore, l'alternative végétale qui cultive la passion du goût

Fondée en 2019 et anciennement connue sous le nom “Les Nouveaux Fermiers”, HappyVore est une société de production de viande végétale. Son objectif est de mieux rassembler tous ceux qui veulent changer leur alimentation. Pour cela, l’entreprise concocte des alternatives végétales gourmandes, saines, made in France à qui veut réduire votre consommation carnée sans nécessairement renoncer à vos plats préférés. 

Pour le journal du manager, Guillaume Dubois a accepté de revenir sur la genèse et les ambitions d’HappyVore.

Quelle est l’histoire d’HappyVore ? Pourquoi avoir fondé cette activité en 2019 ? 

Nous voulions lancer un projet environnemental. Sachant que l’élevage représente 15 % des émissions de CO2 en France, nous voulions aider les Français à manger un peu moins de viande et un plus de végétal et faire du bien à la planète par la même occasion. Par conséquent, nous avons lancé toute une gamme de produits végétaux comme des steaks, des nuggets, des saucisses, etc.  L’idée était de se faire plaisir en mangeant et tout en ayant un impact positif sur notre planète.

Comment l’activité d’HappyVore a-t-elle évolué depuis sa création ? 

Nous avons lancé HappyVore il y a trois ans en commençant par le développement produit. Ensuite, le dépôt des brevets puis le lancement de l’usine en France, car notre activité nécessitait une production assez volumineuse. Après quoi, il y a eu le lancement de la marque où il fallait se faire connaître, que ce soit sur les réseaux, dans les métros, sur les bus, en replay, etc. Nous avons également participé à l’algeb lab où nous avons sponsorisé un bateau qui a traversé l’océan atlantique.

Ensuite, nous sommes arrivés progressivement dans les points de vente. D’abord dans toutes les grandes enseignes de grande distribution comme Franprix, Monoprix, Leclerc, Intermarché, etc. avant d’être présents dans plus de 2000 points de vente. Ensuite dans près de 1000 restaurants dont le Paris New York, l’artisan du Burger, l’atelier Joël Robuchon et bien d’autres.

Aujourd’hui, notre objectif reste d’aider les Français à manger un peu plus de végétal en se faisant plaisir.

Comment avez-vous fabriqué ces alternatives végétales et gourmandes ? 

L’ingrédient de base, c’est la protéine végétale. Pour la base des produits on utilise du pois, du soja, du blé et de la fève qui sont des protéines végétales sans OGM qui viennent soit de l’Europe, soit de la France. Par la suite, il y a le gras pour donner le juteux. L’idée est de concevoir les produits avec très peu de gras saturés, notamment le colza, l’olive ou le tournesol. Enfin, il y a les arômes naturels, qui donnent la saveur de la viande, et les épices comme le piment de Cayenne que l’on retrouve dans les merguez.

Quelles stratégies et actions ont contribué au succès d’HappyVore depuis 2019 ?

Je dirais que l’un des points clés a été de recruter les bons collaborateurs, car ce qui définit une entreprise, ce sont les personnes qui la constituent. Nous avons fait une croissance assez rapide et avons lancé des produits en grande distribution qui fonctionnent bien. Et cela est dû au fait d’avoir recruté beaucoup de talents qui sont bien meilleurs que nous dans leur domaine, qui chaque jour arrivent à faire un petit peu mieux, et qui travaillent très bien ensemble.

Vous avez levé 35 millions d’euros en juin 2022. À quoi ce montant va-t-il servir ? 

Concrètement, cette levée de fonds est investie dans 4 buts précis. Tout d’abord, il nous permet de développer la R&D qui demande d’énormes investissements. Dans un second temps, il nous permet de procéder au lancement de notre site industriel. Situé à Chevilly un peu au nord d’Orléans, il sera le plus grand site industriel de simili carné. Ensuite, nous continuerons à investir sur la marque et à faire croitre notre notoriété. Pour finir, nous comptons recruter des commerciaux afin d’acquérir plus de parts de marché.

Comment gérez-vous la croissance en interne de votre activité, avec l’ouverture de votre première usine ? Quels sont les nouveaux défis ? 

Le principal défi repose dans la différence entre la théorie et la pratique. Effectivement, une usine regorge de problèmes très concrets et le principal challenge consiste à rendre réel le plan initialement élaboré. Parmi les autres challenges, on peut citer le retard des équipements, les pénuries de certaines matières dues à la situation actuelle de l’Ukraine, les retards ou absences des collaborateurs dus au Covid, la qualité qui est un sujet ultra important en agroalimentaire, les problèmes de travaux, les problèmes techniques, les problèmes sanitaires, etc.

En outre, c’est un métier qui est difficile, car les opérateurs sont amenés à travailler dans des conditions de froid pour des raisons de sanitaires. Il faut donc réussir à trouver des personnes qui malgré ces conditions réussiront à faire un excellent travail. Il y a également le recrutement, le travail avec les autorités locales, les rencontres avec les pompiers et tout autre acteur de la région capable d’aider dans les financements. Par ailleurs, il faut répondre à toutes les contraintes réglementaires qui existent.

Au bout du compte, il y a énormément de challenges de la sorte qui apparaissent lorsque le lancement de l’usine démarre.

Quelles sont selon vous les qualités essentielles aux entrepreneurs ? Et les erreurs à éviter ? 

Je pense qu’il faut accepter de faire quelques erreurs, car certaines erreurs ne peuvent être évitées parfois. Pour moi, l’essentiel est de réussir à faire un plan, mais il faut surtout savoir être flexible sur ce plan. Il faut savoir qu’il y a des gens qui vont passer de nombreuses heures sur des plans théoriques inutiles. À l’inverse, d’autres vont se lancer sans aucun plan. Le tout est de trouver le juste milieu entre savoir où on va et être suffisamment agile et adaptable. Il ne faut surtout pas hésiter à se lancer même si les choses ne sont pas très claires au début, car elles le deviendront au fil du temps.

Quelles sont vos ambitions pour HappyVore ? Souhaitez-vous pénétrer de nouveaux marchés ? 

L’ambition numéro une d’HappyVore est que, pour le plus grand nombre, la viande ne soit pas un « must have » dans le repas. Aujourd’hui, nous sommes encore loin de cet objectif.

Néanmoins, nous sommes conscients que pour y arriver, il nous faudra nous implanter réellement sur le marché français. À ce propos, nous sommes également conscients que l’implantation sur le marché français nécessite d’avoir de bons produits, de les produire avec une bonne qualité et au bon prix, avec une marque qui soit connue et les rendre disponibles dans tous les points de vente. Une fois bien établis sur ce marché, nous nous déploierons vers l’international.

Auriez-vous des conseils à donner aux lecteurs du Journal du Manager souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Comme indiqué plus haut, il ne faut pas hésiter à se lancer si vous en ressentez l’envie. Vous devez également vous confronter au réel et au marché, sans trop théoriser et continuer à avancer. Même si tout n’est pas clair, les choses s’éclaircissent sur le chemin.

 

Nos remerciements à Guillaume Dubois, CEO et cofondateur d’HappyVore.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one

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