Fondée en 2018, Reverto propose une formation immersive et un kit de communication interne pour sensibiliser les équipes aux risques psychosociaux, utilisant la réalité virtuelle pour créer des expériences formatrices inoubliables.
Pour le Journal du Manager, Guillaume Clere, Fondateur de Reverto, explique comment cette approche novatrice permet de transformer les comportements en plongeant les participants au cœur de situations réalistes.
Qu’est-ce que la solution Reverto ?
Avec Reverto, lorsque vous enfilez le casque de réalité virtuelle, vous êtes confronté à une situation concrète, telle que le sexisme. Le principe est simple : pour comprendre une telle situation, il faut la vivre. Grâce à cet apprentissage par l’expérience, vous n’êtes pas spectateur, vous devenez un personnage de l’histoire soit en tant que cible soit en tant que témoin. Cet apprentissage par les émotions vous fera ressentir de la colère, de la surprise, selon votre vécu. Nous nous appuyons sur ces émotions pour expliquer que cette colère, par exemple, était due au sexisme. Vous revivez des moments clés pour apprendre à identifier les situations problématiques.
Nous vous informons ensuite sur ce que dit la loi, comment réagir et à qui vous adresser. Reverto est un outil de sensibilisation, de formation et de prévention sur des sujets tels que le sexisme, le harcèlement, le handicap, le burn-out, et la gestion des crises. Nous sommes actifs dans divers milieux, des entreprises aux grandes écoles. Nous sommes également présents dans les prisons avec des programmes de reconnaissance de violence conjugale. Notre objectif est de toucher un maximum de personnes à travers ces différents canaux, qu’il s’agisse de l’éducation, du milieu professionnel ou d’autres sphères de la vie quotidienne.
Quelle est votre définition de la réalité virtuelle ?
La réalité virtuelle c’est une autre réalité. Bien que nous soyons ensemble ici, lorsque vous mettez le casque, vous êtes transporté dans une autre pièce, dans le corps de quelqu’un d’autre, et avez l’impression de vivre une autre vie. Cet outil permet de se plonger dans des jeux de rôle immersifs.
Comment prévenez-vous des risques psychosociaux grâce à la réalité virtuelle ?
Avec Reverto, il y a 3 types de cas :
Cas N°1 : Vous avez une grande entreprise avec des services de formation et déjà des casques de réalité virtuelle pour certains sujets. Dans ce cas, vous nous contactez pour acheter la licence de nos contenus et nous vous accompagnons pour le déploiement et une utilisation optimale.
Cas N°2 : Vous êtes formateur en interne mais vous ne disposez pas de casques. Nous pouvons vous louer les casques et vous former à leur utilisation. Nous mettons l’outil à disposition, envoyons des formateurs avec les casques, et pouvons sensibiliser des groupes de 6 à 12 personnes, jusqu’à 84 personnes en une journée, en intervenant directement sur site.
Cas N°3 : Si vous ne souhaitez pas gérer les casques et les formateurs internes, nous pouvons prendre en charge la sensibilisation. Par exemple, avec une valise de 12 casques, nous pouvons organiser des sessions d’une heure pour sensibiliser jusqu’à 84 personnes en une journée. Nous pouvons aussi mobiliser jusqu’à une trentaine d’intervenants dans 10 salles différentes pour sensibiliser plus de 1 000 personnes en une journée, ou intervenir sur 10 sites à travers la France.
Quels sont les avantages de la réalité virtuelle dans les programmes de sensibilisation ?
Avec Reverto, nous proposons des journées clés en main, comprenant la location de matériel et des services complets. Nous créons également des contenus spécifiques pour les entreprises en utilisant la réalité virtuelle, la mise en scène cinématographique et les sciences cognitives, selon les besoins de nos clients.
Nous avons commencé par des modules sur le sexisme, et d’autres entreprises nous ont demandé de traiter des sujets comme le handicap, car les salariés n’osent pas en parler. En France, les entreprises de plus de 250 salariés doivent avoir plus de 6 % de travailleurs reconnus handicapés (RQTH), ce qui est difficile à atteindre car les employés n’osent pas toujours déclarer leur handicap. Nous sensibilisons donc sur ces sujets en expliquant les droits, notamment qu’un salarié handicapé ne peut être licencié pour cette raison et bénéficie de protections supplémentaires.
Notre solution permet de sensibiliser et d’éduquer sur la diversité des handicaps, dont 80 % ne sont pas visibles, comme les malentendants ou les malvoyants. Aujourd’hui, notre expérience est utilisée par plus d’une soixantaine de clients.
Comment faites-vous connaître Reverto ? Sur quels événements peut-on vous retrouver ?
Nous collaborons avec des partenaires spécialisés qui interviennent auprès de leurs clients et nous recommandent. Le bouche-à-oreille joue un rôle important dans notre croissance. Pour nous faire connaître, nous participons également à des salons et événements, où nous permettons aux gens de tester nos casques. Par exemple, nous serons présents aux salons Preventica à Strasbourg du 18 au 20 juin 2024 et à Lyon du 8 au 10 octobre 2024, où nous nous concentrerons sur la prévention des risques.
Quelles sont les valeurs fondamentales de Reverto et pourquoi ?
La première valeur est l’esprit d’équipe. Nous sommes convaincus qu’une société prospère lorsque ses membres prennent soin les uns des autres. Si nous faisons attention à ceux qui nous entourent, c’est tout le collectif qui en bénéficie, ce qui se traduit par une meilleure performance. C’est une conviction profonde. L’inclusion des femmes et des hommes, représentant 50 % de la population, est essentielle, surtout dans un environnement où il est difficile de recruter.
Le handicap touche 12 millions de personnes en France. Si une entreprise de plusieurs milliers de salariés ne prend pas en compte les besoins des personnes en situation de handicap, elle aura du mal à prospérer. Ces sujets ne sont pas simplement des tendances; ils sont indispensables pour assurer la performance collective. Se mettre à la place de l’autre pendant seulement 15 minutes peut renforcer cet esprit d’équipe.
La deuxième valeur est l’impact. Nous souhaitons que chaque expérience ait un effet significatif sur les connaissances, les perceptions et les comportements au sein de l’entreprise. Notre responsable, docteur en sciences cognitives, a réalisé sa thèse sur l’impact émotionnel et la mémoire en réalité virtuelle. Par ailleurs, nous mettons en place des questionnaires et des processus pour mesurer l’impact de nos contenus sur la durée, car c’est important pour nous.
Quels ont été les bénéfices de votre levée de fonds ?
Il y a quatre ans, nos clients étaient équipés de seulement un ou deux casques. Aujourd’hui, nos clients possèdent jusqu’à 2 000 casques, répartis dans toute la France. Cela soulève des questions logistiques et demande des investissements en matériel et en logiciel. Ces investissements nous permettent d’industrialiser nos processus. Jusqu’à présent, nous avons formé et sensibilisé jusqu’à 80 000 personnes avec nos casques. Notre objectif d’ici 3 à 5 ans est de former et de sensibiliser un million de personnes. Cela nécessite une montée en échelle de notre outil. Une fois le contenu intégré dans cet outil, nous pouvons former et sensibiliser des dizaines de milliers de salariés. Ainsi, nous sommes en mesure de passer à grande échelle.
Pourquoi avez-vous modifié votre identité visuelle ?
Nous avons décidé de revitaliser notre identité visuelle, qui était autrefois mal définie. Bien que notre positionnement soit solide, utilisant la réalité virtuelle pour créer un impact, notre identité visuelle était plutôt floue. Nous avons donc retravaillé cette identité lors de notre dernière levée de fonds. Cela visait à être à la hauteur de notre positionnement. L’objectif était d’avoir une identité visuelle cohérente et reconnaissable instantanément comme étant celle de Reverto. Nous avons opté pour une palette de couleurs alliant le bleu violet. Cela apaise et rassure sur les sujets du bien-être. De plus, la touche de jaune injecte de l’énergie et de la vitalité dans des sujets parfois complexes mais indispensables.
Quel a été votre parcours avant de développer des outils de formation en réalité virtuelle ?
Dans le passé, j’étais journaliste et réalisateur de documentaires portant sur des sujets de société. J’avais l’intention de créer un documentaire interactif sur les relations entre hommes et femmes en utilisant la réalité virtuelle. Cela aurait permis aux spectateurs de se mettre à la place de l’autre. Ce documentaire interactif s’est finalement transformé en un outil de formation. Il est utilisé par les entreprises, les institutions privées et publiques ainsi que les collectivités.
Comment votre expérience personnelle a-t-elle influencé le développement de votre entreprise ?
En venant de l’industrie de la réalisation et de la production audiovisuelle, je combine un sens journalistique basé sur les témoignages. J’y intègre également une approche cinématographique visant à immerger le spectateur dans l’histoire. Les récits sont précis et cherchent à capturer l’essence des situations. Ayant réalisé de nombreux reportages par le passé, j’ai souvent constaté que les problèmes étaient souvent occultés. Au lieu d’êtres confrontés cela finissait par aggraver la situation. C’est pourquoi nous encourageons les entreprises à ne pas ignorer les problèmes, mais à leur donner la parole de front dans un cadre de sécurité logique. Cette approche favorise la résilience et la performance à long terme.
Si vous pouviez organiser une réunion avec n’importe quel personnage fictif, qui serait-il ?
J’aimerais rencontrer le Génie de Aladin, car il a une soif de liberté qui me parle. Il utilise ses superpouvoirs au service des autres, et non contre les autres. L’entraide et sa générosité vont lui permettre de gagner sa liberté, c’est une belle allégorie. Et en plus, il a l’air très sympathique.
Nos remerciements à Guillaume Clere, Fondateur de Reverto. Propos rapportés par l’équipe de manager.one
