Fondée en 2021, Karmen est une fintech qui propose un système de financement innovant à destination des PME actives dans le numérique. La startup développe un algorithme qui, basé sur des données objectives, octroie des financements non dilutifs en moins de 48h.
Pour le Journal du manager, Gabriel Thierry nous présente Karmen, son parcours et ses ambitions.
Quel fut votre parcours professionnel et entrepreneurial ? Quelles sont les grandes étapes ?
Je suis diplômé d’un bachelor à l’Université de New York en finance et entrepreneuriat, ainsi qu’un MSc de HEC et Polytechnique en entrepreneuriat. Ma carrière commence à New York, en Venture Capital & Private Equity chez Outbound Ventures et Altus Capital Partners. Puis en 2021, j’ai cofondé Karmen où j’occupe le poste de CEO.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Karmen ? Quel a été le déclic ?
Chez Karmen, notre mission est de transformer le paradigme du financement des entreprises numériques françaises. L’essor de l’économie digitale a réinventé la manière dont les entreprises vendent. Il en va de même pour la façon dont les consommateurs (B2B ou B2C) achètent des biens et des services.
Vertueux, ce nouveau modèle économique ne disposait pas de solutions de financement adaptées. Les levées de fonds en capital sont longues, dilutives et incertaines, en particulier dans le contexte macroéconomique que nous connaissons. Par ailleurs, le financement par l’emprunt est chronophage et peu accessible aux entreprises numériques en raison des nombreuses garanties qu’il exige. À savoir l’inventaire, les stocks, l’immobilier, les machines, les équipements, etc.
Fort de ce constat, Baptiste Wiel (COO), Sébastien Lubineau (CTO) et moi-même avons souhaité développer une troisième solution de financement, notamment basée sur les revenus. Notre ambition : proposer une solution flexible, transparente et évolutive afin que chaque PME digitale puisse être soutenue dans sa croissance, avec un capital non dilutif et des fonds disponibles en moins de 48 heures. C’est de cette réflexion qu’est née Karmen en janvier 2021.
Pouvez-vous présenter votre activité en quelques mots ? En quoi consiste-t-elle, et à qui s’adresse-t-elle ?
Au lieu d’attendre d’encaisser les revenus en ligne ou les revenus d’abonnement mois après mois, Karmen débloque la valeur annuelle de ces revenus, dès le départ.
En effet, nous sommes souvent la première source de capital de croissance pour les entreprises amorcées. Ainsi, nous les aidons à accélérer avant de lever des fonds. Quant aux entreprises financées par le capital-risque, nous apportons une source supplémentaire de capital non dilutif, favorable aux fondateurs. Cela afin d’aider les entrepreneurs à atteindre leurs objectifs de croissance, tout en conservant la propriété de leur entreprise.
Les offres de financement de Karmen sont adaptées à toutes les tailles d’entreprises. Nos financements vont de 20 k€ à 5 M€ en 48 heures. Cela dépend des performances opérationnelles et financières de chaque entreprise.
Récemment, Karmen a lancé trois nouveaux produits : Karmen Invoice Financing, Karmen Grow et Karmen Runway. Karmen Grow fournit un financement pour la croissance. Cela se fait par le biais d’une ligne de crédit instantanée, flexible et non dilutive. Karmen Runway permet d’allonger la piste en retardant la prochaine augmentation de capital grâce à une ligne de crédit. Enfin, Karmen Invoice Financing permet de financer les factures afin que le fonds de roulement ne limite pas la croissance.
Comment fonctionne la technologie mise au point par vos équipes ?
Pour bénéficier d’un financement Karmen, le processus se veut simple et rapide. La première étape consiste en l’onboarding, réalisable en 5 minutes chrono :
- Création du compte sur l’app.karmen.io
- Connexion aux banques par API et import des relevés de comptes bancaires
- Connexion aux outils de facturation, comptabilité et plateforme e-commerce
- Transmission des documents (deck, bilans comptables et récapitulatifs d’emprunts en cours)
Une fois l’onboarding réalisé, l’éligibilité de l’entreprise est testée par nos équipes. À l’issue, un score d’éligibilité est attribué pour définir une offre de financement adaptée à ses besoins.
Pour rappel, les critères d’éligibilité au financement Karmen sont les suivants :
- 12 mois d’historique de commercialisation
- 200 k€ de chiffre d’affaires minimum
- Capitaux propres positifs
- Pas d’inscription aux privilèges URSSAF
- Absence d’impayés
- Historique de PCL vierge
- Runway supérieur à 6 mois (sauf si augmentation de capital prévue)
Après réception du score, l’entreprise est recontactée sous 72 heures par les équipes Karmen avec une proposition d’offre de financement sur mesure. Ainsi, après validation des deux parties prenantes, les fonds sont décaissés et directement envoyés sur le compte bancaire de l’entreprise en moins de 48 heures. Simple. Rapide. Flexible.
En quoi Karmen se démarque-t-elle des autres FinTech présentes sur le marché ?
Les acteurs présents sur le marché du Revenue-Based-Financing se comptent sur les doigts de la main. Peu nombreux, ils restent néanmoins de véritables concurrents en permanente évolution, ce à une échelle nationale comme internationale.
Pour répondre à cette concurrence, Karmen adopte un positionnement stratégique, spécifique et unique. Nous proposons un scoring de crédit exclusif et une dette moins chère afin d’offrir à nos clients les meilleures conditions de financement. Ce positionnement se traduit par une offre unique, composée de plusieurs axes essentiels aux particularismes propres à notre ambition : aider dans le temps les PMEs digitales à soulager leur BFR pour une croissance stable et des perspectives de développement florissantes.
En l’occurrence, nous avons défini 7 particularismes, ce sont :
- Le focus client : PMEs digitales disposant d’un chiffre d’affaires inférieur à 50 M€
- La compétitivité des coûts : <20 % de rendement annuel
- Le contrôle du risque : élevé
- Les produits : prêt, analyse, logiciel
- La distribution : direct et intégré
- Le taux de défaillance : zéro
- La géographie : France, Italie, Espagne
Vous avez levé 50 millions d’euros en novembre 2022. À quoi ce montant a-t-il servi ? Où en êtes-vous dans le développement de ce projet ?
Depuis notre lancement en 2021, Karmen a bien grandi ! Petite mise à niveau de notre évolution :
- 50 millions € levés en dette auprès de Fasanara Capital
- 200 millions € de financements demandés
- + de 75 entrepreneurs financés
- Une équipe de 20 personnes
Avec cette ligne de crédit supplémentaire de 50 M€, nous disposons des offres les plus compétitives du marché français. Cela nous permet de proposer des financements à un coût imbattable, surtout lorsque du côté des banques, les coûts du crédit ne font qu’augmenter. Cette nouvelle ligne de crédit nous permet avant tout de réaffirmer notre ambition. Autrement dit, accompagner les acteurs issus du secteur digital dans leurs projets. Et cela avec une rapidité, une flexibilité et une transparence d’action continue.
En effet, c’est une ambition que nous tenons à pérenniser à un moment où l’accès aux financements se complique pour les PMEs digitales. Avec la hausse de l’inflation, la volatilité des matières premières et la fin des politiques de taux d’intérêt bas, le paradigme du marché du financement des TPE/PMEs est en pleine mutation. Dans ce contexte, les solutions alternatives, axées sur la technologie et la rapidité d’octroi des financements, ont le vent en poupe et prennent le pas sur les offres de crédit traditionnelles.
Karmen a su s’adapter au changement de paradigme macroéconomique en étendant son offre à toutes les TPE/PMEs. L’objectif étant que chacune puisse recevoir un financement qui réponde exactement à ses besoins de croissance. Que ce soit le financement de trésorerie, le besoin en fonds de roulement, les budgets acquisition client et marketing ou encore les achats de stocks.
Ainsi, avec cette seconde levée de fonds, nous tenons à militer pour un financement moderne répondant pragmatiquement aux attentes des nouvelles générations de dirigeants (du financement non dilutif, 100 % digitalisé, disponible en 48 heures). Enfin, nous n’entendons pas nous arrêter là. D’autres annonces viendront bientôt illustrer l’ambition de Karmen d’accompagner des milliers de PME digitales sur leurs problématiques de trésorerie et de financement, à horizon 2025.
Quelles sont les difficultés éprouvées par les entrepreneurs de la FinTech ? Comment composez-vous avec ces obstacles ?
En 2021, le marché du digital enregistrait une augmentation annuelle de 23 % en moyenne du chiffre d’affaires des start-ups de la French Tech, selon France Digitale et EY. Cette bonne nouvelle est à contraster fortement pour 2023. Au vu du contexte macroéconomique, les levées de fonds se tarissent. En effet, on estime qu’au Q3 2022, elles s’élevaient à 81 Mds $ contre 172 Mds $ au Q3 de 2021. Il en est de même pour les prêts bancaires qui atteignent progressivement leur taux d’usure. C’est une situation variable qui menace de renverser la croissance future des PMEs digitales. Les PMEs digitales doivent donc faire face à une absence de financement pour 2023 avec un marché économique instable et, in fine, des perspectives de croissance obstruées.
Afin de supporter cet obstacle, nous nous devions de nous positionner comme acteur de la relève auprès des PMEs digitales. Chez Karmen, nous pensons qu’un nouvel écosystème de financement tend à s’imposer, composé à majorité de financements non dilutifs. Bien entendu, les financements dilutifs « traditionnels » (entendez donc equity, BSA & obligation convertible) restent des solutions prestigieuses et efficaces. Mais la hausse des valorisations ne les rend accessibles qu’à une petite poignée d’entreprises. Nous pensons donc qu’en 2023, il sera possible de se financer principalement et dans la mesure du raisonnable vis-à-vis du taux d’endettement établi, sans dilution, grâce à la diversité des financements non dilutifs existants. Le tout pour une capital stack optimisée !
Karmen propose donc aux PMEs digitales des solutions de financement rapides, flexibles, transparentes et non dilutives afin d’offrir à ces dernières une stabilité de croissance tout en leur ouvrant des opportunités de développement.
Souhaitez-vous internationaliser votre activité ? Si oui, quels territoires ?
Karmen a toujours eu pour ambition d’internationaliser son activité, le secteur des PMEs digitales ne se cantonnant pas uniquement au territoire français. Notre internationalisation restera européenne, avec une extension majeure en Europe du Sud.
Pourquoi l’Europe du Sud ? Tout simplement parce que notre solution de financement se voit très fortement sollicitée par les PMEs digitales locales. Cependant, nous n’oublierons jamais nos racines, étant tous fiers et reconnaissants d’être une solution française, soutenue par son pays et actrice du développement de ce dernier. In fine, à court terme, notre cœur de marché restera la France.
Quels sont vos projets ? Sur quoi misez-vous pour votre développement ?
Suite à notre seconde levée de fonds et à notre progression exponentielle, Karmen s’est dotée de beaux projets afin de démarrer l’année 2023 sur les chapeaux de roues.
Notre premier axe de développement concerne notre projet de « embedded distribution ». Ce projet, nous avons pour ambition de le développer au travers des partenariats avec de multiples acteurs, tous issus du secteur de la Fintech (néobanques, plateformes de paiement, solutions comptables), mais aussi des places de marché ainsi que des outils SaaS (gestion de trésorerie comme Pennylane et Agicap).
Pourquoi démocratiser notre projet de « embedded distribution » via nos partenaires ? Tout simplement, car nous souhaitons pouvoir proposer nos offres de financements à un nombre croissant d’entrepreneurs et des PMEs digitales de manière fluide, instantanée, et récurrente, le tout avec une offre minutieusement adaptée à leurs besoins grâce aux produits technologiques opérés par nos partenaires.
Réciproquement, notre second axe de développement concerne la mise en place de nouveaux produits Analytics. L’objectif de ce projet fait écho à notre premier objectif. À savoir : aider toujours et encore plus d’entrepreneurs et PMEs digitales dans le développement de leur projet et dans la soutenabilité de la croissance. Comment ? En mettant à leur disposition les outils nécessaires à l’évaluation de la santé, de l’espérance de vie de leur projet. Pour ensuite proposer une solution de financement claire, transparente et parfaitement adaptée à leurs besoins, préalablement définis par nos outils.
Enfin, à travers ces différents projets, nous avons pour ambition de continuer à financer à court et moyen terme les acteurs du secteur digital en conservant nos qualités de taux fixes et transparents le tout sans garantie ni dilution de capital.
Quelles leçons retenez-vous de cette aventure entrepreneuriale ?
L’entrepreneuriat est avant tout à appréhender comme une expérience humaine.
En tant qu’entrepreneur, vous devez en permanence faire face à des enjeux d’affaires. Augmenter vos profits, lancer de nouveaux produits, vous adapter à une demande fluctuante, appréhender un marché mouvant, changer des méthodes de travail, répondre aux objectifs de vos investisseurs, etc. sont autant de challenges auxquels un entrepreneur doit faire face. C’est à ce moment précis que l’expérience humaine entre en jeu.
En effet, mettre sciemment en œuvre ces différentes stratégies implique bon nombre de changements importants. Par conséquent, cela nécessite une équipe de choc. Sans cohésion d’équipe, sans comptabilité vertueuse de profils ou encore sans fit avec la culture de votre entreprise, votre équipe ne peut travailler proactivement. Cet enjeu de coordination de profils aura été un réel apprentissage au cours de cette expérience entrepreneuriale. Itérer une entreprise est loin d’être facile, car les enjeux, les réussites et les déceptions rythment votre quotidien. Néanmoins, grâce aux valeurs humaines de vos équipes, vous saurez trouver la motivation nécessaire pour relever, en synergie, ces défis.
Auriez-vous des conseils à donner aux jeunes entrepreneurs ?
Pour toutes les raisons exposées précédemment, nous conseillons aux jeunes entrepreneurs de construire leur structure de financement sur la base d’un maillage de financements dilutifs comme non-dilutifs afin de stabiliser leur croissance dans la durée.
L’arrivée de 2023 sera perturbante pour toute PME digitale souhaitant croître. Les levées de fonds se feront rares, exigeantes et castratrices tandis que les banques redoubleront d’exigences, de garanties et autres opérations chronophages pour des prêts aux taux d’intérêt élevés. Malgré ces tensions imminentes, plusieurs financements non dilutifs alternatifs nous offrent la possibilité de soutenir nos différentes stratégies. Grâce à la pluralité des solutions non dilutives, à leurs combinaisons profitables et à leurs interférences vertueuses, les PMEs digitales se doivent de garder espoir !
Ainsi, chez Karmen, nous vous conseillons d’appliquer ce millefeuille de financement en l’adaptant à votre structure pour que tous puissions booster le secteur de la Fintech française !
Nos remerciements à Gabriel Thierry, cofondateur & CEO de Karmen.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one