Fondée en 2017, Obvy est une FinTech qui développe une solution transactionnelle tout-en-un à destination des plateformes de vente en ligne (e-commerces et marketplaces). Ainsi, la startup fournit aux entreprises des services simples, rapides et économiques pour la gestion de toutes leurs transactions, peu importe leur domaine d’activité.
Pour le journal du Manager, Charles-Henri Gougerot–Duvoisin nous relate l’histoire et la raison du succès d’Obvy.
Comment ce projet est-il né ? Quel a été le déclic ?
Il faut savoir qu’en 2016, nous avons constaté un problème sur le marché. Il y avait davantage de transactions entre particuliers, mais aucun moyen réellement adapté à la sécurisation de ces transactions. De fait, les arnaques étaient légion. De plus, Stevy Llong-Tai, le cofondateur d’Obvy, et moi connaissions, dans nos entourages, des personnes victimes d’escroqueries. C’est ainsi que nous avons adressé cette problématique et créé la solution à l’origine de l’application de paiements sécurisés entre particuliers. Puis, notre solution s’est développée et continue à se développer.
Durant le covid, nous avons pris conscience que notre travail avait beaucoup plus de valeur qu’on le pensait. C’est-à-dire que nous avions créé cette application de sécurisation de transactions à laquelle on a ajouté énormément de services. À savoir : le paiement en plusieurs fois, de la livraison, des outils de gestion des litiges, de codes promotionnels, etc. Pendant la crise sanitaire, tout le monde s’est retrouvé à devoir vendre en ligne, notamment les entreprises (les PME, les TPE, etc.). C’est alors que nous avons fait le constat d’un marché fragmenté et éclaté. Sans oublier que pour vendre en ligne, les entreprises doivent avoir recours à un certain nombre de prestataires de services, ce qui coûte une fortune.
Fort heureusement, nous avions toutes ces fonctionnalités déjà intégrées chez nous. Nous avons donc eu l’idée de concentrer tout ce qu’on a intégré, en tant que partenaire externe, et tout ce qu’on a développé en propre dans une seule et même solution afin de la mettre à disposition des entreprises. Pour être franc, cela a été une très bonne idée et l’on s’en félicite aujourd’hui. D’autant que notre solution de gestion de transactions entre particuliers se développe seule de manière organique.
En somme, le fait d’avoir concentré l’ensemble de ses services à travers une seule solution a eu un autre bienfait. Nous avons pu l’observer en analysant les performances moyennes d’intégration de nos clients. Obvy a permis de diviser, en moyenne, par 10 le temps et le coût de mise en place d’un système transactionnel sur une plateforme.
Qu’est-ce que l’application Obvy, et à qui s’adresse-t-il ?
Disons que nous avons deux ponts d’activités. D’ailleurs, j’aime à dire que l’on s’est inspiré d’une petite FinTech du nom de PayPal. D’un côté, une activité grand public qui est notre application de paiements sécurisés entre particuliers. D’un autre côté, une activité BtoB qui consiste à proposer directement nos technologies aux plateformes de vente en ligne, nos clients étant en très grandes parties des marketplaces, des plateformes d’e-commerce ou encore des suites de logiciels.
Comment fonctionne la technologie mise au point par vos équipes ?
De son côté, la solution CtoC est une application standard sur les stores. Par contre, la solution BtoB qui est le cœur de notre levée de fonds est une API. C’est-à-dire que le client va intégrer notre API à son système d’information afin de communiquer avec notre système, récupérer nos fonctionnalités et pouvoir les intégrer à sa plateforme. Cela requiert une part de développement.
Toutefois, nous visons à simplifier au maximum cette intégration et surtout éviter toutes les mises à jour et toutes les maintenances évolutives qui coûtent cher à nos clients. C’est pour cette raison que l’ensemble des configurations se fait en « no code » depuis une plateforme d’administration. Que ce soit les configurations des frais à appliquer aux transactions, le marketing, le suivi, l’analyse, etc. Par ailleurs, nous nous démarquons en mettant à disposition de nos clients des pages web développées et hébergées par nous-mêmes. Néanmoins, ces interfaces sont en marques blanches et totalement personnalisables. De cette façon, nos clients n’ont pas à traiter les données en direct, à gérer les interfaces ou faire les mises à jour réglementaires sur les pages de paiements, etc.
Je dirais qu’il s’agit d’une solution hybride qui repose sur 4 piliers fondamentaux. À savoir l’API pour l’intégration au sein de la plateforme, le no code pour les configurations, les interfaces déjà créées et hébergées et enfin les workflows. Les workflows représentent l’ensemble des flux que nous avons développés dépendamment de la typologie de transaction. Nous avons développé des flux de transaction en remise en main propre, en livraison, en click and collect, etc. Nos clients n’ont donc pas à développer la logique métier de la transaction, ils ont juste à l’adapter en fonction de leurs besoins.
Comment expliquez-vous la forte croissance d’Obvy ?
Je pense qu’il y a eu l’identification d’une opportunité. Initialement, notre solution s’adressait aux PME, mais finalement on se retrouve aussi avec de plus gros acteurs. En effet, Obvy leur permet d’accélérer et de déporter une grosse charge de travail sur un système interne. Nous avons été agréablement surpris de voir qu’elle plaisait à plus de personnes qu’on ne l’imaginait.
Aujourd’hui, les technologies d’Obvy vont permettre à des dizaines d’entreprises d’avoir des flux de transactions sécurisées sans aucune charge de travail supplémentaire. Notre promesse étant de dire aux plateformes qu’elles peuvent déporter la complexité et la charge liées aux transactions sur nous pour se concentrer uniquement sur leurs plateformes et leurs services.
En définitive, on peut dire que nous faisons partie de l’équipe du client et nous prenons en charge toute la complexité des transactions.
Vous avez levé 2 millions d’euros en février. À quoi ce montant a-t-il servi ?
Cette levée de fonds nous sert à plusieurs choses. Vu que notre ambition est d’être une solution tout-en-un, cela génère des complexités et des besoins en termes de recrutement, le principal aspect de dépenses d’une entreprise. Par conséquent, nous avons renforcé notre équipe technique dans un premier temps, et notre équipe commerciale afin d’accélérer fortement dans la distribution d’Obvy API, notre solution tout-en-un de gestion de transactions à destination des plateformes de vente en ligne.
Quelle est votre place à l’international ? Quels territoires souhaitez-vous à présent conquérir ?
Obvy gère déjà des transactions dans toute l’Europe à l’instant « T ». Toutefois, nous avons vocation à conquérir certains territoires européens. Les prochains étant l’Espagne, l’Italie, le Portugal et l’Allemagne dans un premier temps. Effectivement, nous gérons des transactions dans toute l’Europe, mais nous visons à avoir des stratégies commerciales plus agressives sur ces territoires à fort potentiel. Alors dans un premier temps, on parle d’une extension européenne.
Comment gérez-vous la croissance de votre activité en interne, en France et à l’international ?
Pour commencer, nous essayons de ne pas confondre vitesse et précipitation, ce qui est très important. Même si nous avons des ambitions de recrutement fortes, nous ne faisons pas tous les recrutements en un coup. Nous tenons à ce que chaque personne qui arrive soit bien intégrée, bien formée, etc. d’autant plus que nous sommes dans un métier complexe. Cela demande un temps d’adaptation aussi bien du côté commercial, marketing que du côté développement. De fait, nous séquençons bien les recrutements sans nous précipiter.
Nous nous tenons aussi à notre feuille de route, c’est-à-dire qu’on essaie de rester cohérent vis-à-vis de ce qui était prévu. Bien entendu, nous ne sommes pas hermétiques au changement, mais nous tentons de garder une ligne directrice et de ne pas aller trop vite de peur de nous griller les ailes. Il faut savoir que nous avons toujours pris le temps de faire les choses. C’est la raison pour laquelle nous n’avons jamais cherché à faire de levée de fonds spectaculaire. Notre but est d’aller chercher du financement quand on sait exactement ce qu’on doit financer.
Quelles leçons retenez-vous de cette aventure entrepreneuriale ? Auriez-vous des conseils à donner aux jeunes entrepreneurs ?
Des leçons, il y en a des centaines en réalité. L’entrepreneuriat, c’est des montagnes russes, une vie qui doit correspondre à la personne qui l’a choisie. On apprend plein de choses comme l’humilité, le dépassement de soi et la gestion de ses émotions (positives ou négatives). On apprend aussi à faire face à une sorte de bipolarité à cause de toutes ses émotions contradictoires que l’on peut ressentir. Comme j’ai pour habitude de le dire, l’entrepreneuriat c’est de la schizophrénie.
En ce qui concerne les conseils, il y en a énormément. D’ailleurs, j’ai écrit et publié sur LinkedIn des brèves qui s’appellent « Entreprenez mon cul ». Le nom est justement fait pour piquer, car entreprendre a été aussi un phénomène de mode. Si bien que les grands entrepreneurs étaient des nouvelles personnalités publiques extrêmement attrayantes. Et je pense qu’aujourd’hui, il y a aussi des personnes qui se lancent dans l’entrepreneuriat pour les mauvaises raisons. Être entrepreneur n’est pas une fin en soi. Simplement, si l’on veut l’être, il faut s’assurer que cela correspond à sa personnalité. Il faut également être conscient que la part d’échec est potentiellement plus forte que la part de réussite et que les sacrifices sont aussi nombreux. Mais si l’on est prêt à y faire face et qu’on a le goût de l’aventure, alors c’est quelque chose à tester une fois.
En effet, les risques sont grands, mais l’apprentissage est grand aussi.
Quelles sont vos ambitions pour Obvy ? Sur quoi misez-vous pour votre développement ?
Nos ambitions sont assez simples : l’expansion. Et pour cela, nous misons sur la multiplication de nos clients et de partenariats stratégiques avec des organisations financières. Des projets sont en cours, mais on ne peut malheureusement pas en parler. Le but aujourd’hui est de faire passer Obvy à une échelle supérieure avec des technologies toujours plus pointues et une conquête de l’Europe efficace et rapide. Cela afin d’apporter à toutes les entreprises, qui n’ont pas les moyens de rivaliser avec de grandes marketplaces, les outils pour exister sur leur marché et faire en sorte qu’elles se développent avec nous.
Nos remerciements à Charles-Henri Gougerot–Duvoisin, CEO d’Obvy.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one
