Fondée en fin d’année 2019 , Happypal est une solution qui permet aux CSE d’offrir des avantages personnalisés aux salariés. En effet, la startup propose des programmes de personnalisation d’avantages en fonction des attentes salariés ainsi qu’une automatisation des tâches de gestion.
Pour le Journal du Manager, Alyssa Emmungil co-fondatrice et CEO de Happypal nous raconte son histoire.
Qu’est-ce que la plateforme Happypal ?
HappyPal est une solution SaaS et fintech qui permet aux CSE d’offrir facilement des avantages personnalisés et flexibles aux salariés.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un CSE ?
Le CSE anciennement appelé Comité d’entreprise (CE) est le Comité social et économique d’une entreprise. C’est l’unique instance représentative du personnel en France. Sa principale mission est de veiller aux bonnes conditions de travail des salariés.
En particulier, lorsque l’entreprise atteint une certaine taille, le CSE peut être doté d’un budget qu’on appelle “budget d’activités sociales et culturelles” (ASC). C’est ce budget qu’il va pouvoir déployer sur HappyPal sous forme d’avantages.
Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer sur ce marché fin 2019 ?
En tant qu’ex-élue CSE d’une part, et bénéficiaire d’un programme d’avantages CSE d’autre part, nous avions nous-mêmes connu une véritable frustration.
Du point de vue des salariés, l’action du CSE ne répond pas toujours aux attentes des salariés et à l’évolution des usages: méconnaissance des avantages et des règles pour y avoir droit, manque d’accessibilité du fait d’interfaces obsolètes et/ou de processus complexes et chronophages, dématérialisation insuffisante, manque de flexibilité et de personnalisation. Ceci alors que les besoins et habitudes varient grandement d’un individu à l’autre.
Citons par exemple le cas des subventions passant par des chèques papiers à récupérer via une permanence physique.
Ayant nous-mêmes vécu ces situations, nous avons voulu remédier à tous ces points de douleurs et développer la plateforme que nous aurions rêvé d’avoir côté élu comme salarié. Et pour rendre possible cette expérience fluide et personnalisée, il faut déjà commencer par faciliter et automatiser la gestion pour le CSE lui-même. Rappelons que les élus CSE ont un temps limité à consacrer à leurs missions, qu’ils effectuent la plupart du temps en plus de leur “vrai” job à temps plein !
L’insatisfaction des salariés est d’autant plus frustrante pour les CSE car ils ne disposent pas d’une solution suffisamment efficace et maniable pour donner facilement un maximum d’impact à leurs initiatives.
Qu’est-ce que la solution Happypal apporte aux CSE des entreprises ?
En réponse à ce constat, notre solution permet justement aux CSE de gérer facilement un programme d’avantages accessible, personnalisé et 100% flexible, mais aussi de fédérer autour de l’action du CSE. Les CSE démultiplient alors leur impact tout en y consacrant un minimum de temps de gestion.
Au niveau des élus du CSE, il y a également des préoccupations quant à la conformité de leur action, notamment en ce qui concerne les avantages exonérés de cotisations sociales ou encore l’application de la réglementation RGPD. En particulier, certaines règles préconisées par l’URSSAF peuvent être compliquées à appréhender et à implémenter pour les CSE. Ils peuvent se reposer sur notre produit et notre conseil expert pour tous ces sujets.
Je voudrais rappeler que les “activités sociales et culturelles” des CSE représentent plus de cinq milliards d’euros chaque année en France: quel dommage de ne pas maximiser leur impact et la satisfaction en face !
Il est donc temps que le CSE ne soit plus synonyme dans l’inconscient collectif de poussiéreux, compliqué ou peu attractif, mais au contraire que celui-ci évoque une expérience enchanteresse.
À qui s’adresse cette plateforme ?
La plateforme est conçue pour répondre aux besoins des CSE d’entreprises de toute taille. En effet, nous proposons plusieurs formules d’abonnements qui correspondent à des périmètres de fonctionnalités plus ou moins avancés en fonction des besoins des CSE. Les CSE ayant adopté Happypal vont pour la plupart de quelques centaines à quelques dizaines de milliers de salariés.
Nous servons aussi bien des CSE d’entreprises leaders de la tech qui sont très exigeantes sur l’UX offert à leurs salariés, telles que Doctolib, Meta, ou TikTok … que des entreprises plus historiques comme la RATP, Toyota ou Sogeprom qui opèrent dans différents secteurs de l’industrie, du transport et des services.
Que peut-on retrouver comme offres sur Happypal ?
Sur Happypal vous retrouverez tous types d’offres qui contribuent à démocratiser l’accès à la culture, aux activités sportives, aux vacances et à une vie épanouie. En outre, la plateforme permet aux salariés de mieux gérer leurs dépenses et de gagner en pouvoir d’achat.
Sur un marché en expansion, comment se démarquer de ses concurrents ?
Il y aurait beaucoup à dire, mais je dirais qu’en premier lieu, on se différencie en investissant énormément dans le produit et dans l’expérience utilisateur.
Lors de notre arrivée sur le marché, nous avons d’ailleurs été les premiers à adopter une approche “mobile first”.
Tout à l’heure, j’évoquais la déception liée au manque d’accessibilité des avantages: c’est un problème encore plus fréquemment soulevé chez les entreprises ayant des salariés sur le terrain, “deskless”, ou avec beaucoup de télétravail.
Chez la RATP, par exemple, l’adoption de notre application mobile a permis d’augmenter considérablement le nombre d’agents inscrits auprès du CSE et bénéficiant des différents avantages. Qu’ils soient conducteurs ou en points de vente, ils n’ont plus besoin de se déplacer dans les locaux du CSE ou de récupérer quoi que ce soit au format papier.
Le second élément concerne la dimension fintech de la solution. Offrir des avantages implique des flux financiers entre le CSE et les salariés. D’une part, nous apportons de la transparence et de la sécurité aux CSE avec des wallets bancaires permettant de suivre en temps réel et à l’euro près l’utilisation des fonds.
Et d’autre part, côté salarié, nous combinons plusieurs modalités de dépense permettant de s’adapter à l’intention du salarié et non l’inverse. À la différence de certains acteurs sur le marché comme ceux spécialisés dans l’émission de chèques-cadeaux, notre point de départ n’est pas le titre émis, mais plutôt la flexibilité maximale offerte au salarié.
Pour illustrer, si le CSE décide de subventionner le sport, le salarié pourra aussi bien dépenser ce montant en générant un abonnement à une chaîne de salles de fitness offrant un tarif spécial en 1 clic dans la marketplace Happypal, ou demander un remboursement en scannant sa facture émise par le studio de yoga situé au coin de sa rue.
De la même manière, le salarié sera ravi de pouvoir dépenser sa dotation cadeau à Noël aussi bien sur notre marketplace qu’en utilisant sa carte bancaire HappyPal en point de vente local via Apple Pay / Google Pay. Les possibilités sont infinies, dans la limite de la réglementation (catégories éligibles aux exonérations).
Notre approche combine simplicité et personnalisation, que ce soit au niveau du CSE (pour créer une interface et un programme d’avantages à son image) qu’au niveau du salarié bénéficiaire.
Et pour finir, nous mettons l’accent sur la qualité de notre accompagnement et la réactivité de notre support client.
Vous avez récemment levé sept millions de fonds, quelles ont été les évolutions depuis ?
Nous souhaitons faire connaître HappyPal au plus grand nombre et devenir la plateforme la plus utilisée en France. La levée de fonds soutient cet objectif en nous permettant de financer un plan marketing ambitieux pour 2024 et d’étoffer rapidement notre équipe commerciale dont nous triplons la taille en 2024.
Depuis la levée de fonds, divers recrutements ont été ouverts et déjà en partie pourvus, notamment en marketing, ressources humaines, commerce et développement tech.
Quels sont vos défis professionnels ?
Le choix de l’entrepreneuriat a lui-même été un défi professionnel !
Ensuite, je pourrais citer le challenge de construire la culture d’entreprise dans un contexte où le covid et le télétravail ont été prépondérants pendant les deux premières années d’Happypal. Nous avons dû nous développer et recruter à distance. Finalement, notre premier défi a été d’être une boîte née en plein Covid !
Au niveau du financement, nous avons été confrontés au retournement du marché comme toutes les starts up car nous sommes une entreprise financée par du venture capital. Nous avons connu des paradigmes et attentes différents depuis la période 2020-2021 durant laquelle la croissance très rapide, quel qu’en soit le coût, était très valorisée. Cela a été quelque chose d’assez marquant de constater ces changements et la difficulté d’accès aux capitaux pour les startups accrue depuis mi-2022. Heureusement, nous avons eu depuis le début à l’esprit un horizon de temps raisonnable pour parvenir à la rentabilité et élaborer un modèle pérenne.
Par ailleurs, nous avons pu réaliser notre levée Series A mi-2023, même si cela nous a pris plus de temps qu’à l’époque de notre levée Seed.
Dans ce nouveau contexte, il est devenu encore plus important de cibler précisément les investisseurs dont la thèse d’investissement correspond à la mission de la startup.
En ce qui nous concerne, nous avons eu l’opportunité de rencontrer l’équipe d’Educapital, qui a élargi son champ d’investissement au-delà des domaines initiaux de l’éducation et de la formation, en se tournant vers le futur du travail. Il y a eu un match assez naturel puisque nous sommes en plein cœur du sujet du bien-être au travail à travers les avantages et – en France – l’action du CSE.
Nous nous sommes également retrouvés sur la dimension d’impact, car Educapital a le souci d’investir dans des starts up qui ont un impact positif sur la société et sur le monde du travail.
En tant que femme entrepreneure, comment encourageriez-vous les femmes à entreprendre ?
Aujourd’hui il y a de plus en plus d’informations et d’aide pour entreprendre et lancer un projet.
En revanche, c’est dans les étapes suivantes qu’il y a trop peu d’entrepreneures femmes à la tête d’entreprises. Je pense que ceci est lié à l’accès au capital.
Il me semble qu’aujourd’hui, les femmes sont encore désavantagées en matière d’accès au capital, de confiance qu’elles peuvent inspirer, ou de valorisations proposées pour des entreprises dirigées par des femmes, par rapport à des performances équivalentes avec des hommes à la tête.
J’aimerais voir de plus en plus de femmes revendiquer les mêmes moyens que les hommes, pas seulement au stade initial. Les dotations ou prêts de quelques dizaines de milliers d’euros sont utiles. Mais aujourd’hui, pour réellement inspirer toute une génération de femmes à entreprendre, il est essentiel de démontrer qu’elles peuvent également franchir les étapes ultérieures avec succès.
Comment définiriez-vous l’entrepreneuriat en une phrase ?
“Fédérer autour d’une mission qui donne envie de soulever des montagnes ensemble.”
Nos remerciements à Alyssa Emmungil, co-fondatrice et CEO de Happypal.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one