Fondée en 2021, Riverse est une norme de certification de crédit carbone pour les projets Greentech en Europe. La startup souhaite accélérer la transformation de notre société dans son ensemble en permettant aux PME de la Greentech en Europe d’accéder au marché volontaire du carbone pour obtenir des revenus supplémentaires.
Pour le Journal du manager, Ludovic Chatoux nous raconte la genèse de Riverse et de son impact dans la la transformation de notre société.
Quelle est l’histoire de Riverse ? Comment ce projet est-il né ?
En 2021 avec mes associés Grégoire Guirauden et Clément Georget, nous avons décidé de quitter nos emplois respectifs pour nous investir dans un projet à impact autour des enjeux environnementaux. En raison de l’expertise industrielle de Clément, nous nous sommes d’abord engagés dans une étude des technologies industrielles de décarbonation. Cela nous a permis de rencontrer des porteurs de projets en Europe développant des solutions bas-carbone.
À l’issue de ces rencontres, nous sommes rapidement arrivés à la conclusion qu’il manquait avant tout de financement pour accélérer la transition environnementale. C’est ainsi que nous nous sommes concentrés sur le marché du carbone volontaire pour tenter de répondre à cette problématique.
Pouvez-vous présenter votre activité en quelques mots ? Quelle est votre clientèle ?
Riverse est un standard de certification de crédits carbone sur le marché volontaire du carbone. Nous proposons notre propre méthodologie d’émission de crédits carbone et une plateforme de mesure, de vérification et de monétisation carbone pour les projets Greentech et d’économie circulaire en Europe. Notre clientèle est double et composée à la fois de PMEs Greentech développant des solutions bas-carbone, et d’entreprises spécialisées en revente de crédits carbone.
Qu’est-ce que la certification du crédit carbone ? Comment les GreenTech peuvent-elles accéder au marché volontaire du carbone ?
Pour qu’une Greentech émette des crédits carbone, son activité doit être soumise à un processus de certification. Ce processus se déroule en 3 étapes. Tout d’abord, une analyse comparative du cycle de vie doit être menée sur l’activité du projet. Cela afin de déterminer la quantité de crédits carbone qu’il peut émettre. Les crédits carbone sont calculés en comparant les émissions de GES du scénario du projet aux émissions d’un scénario de base, ou scénario de référence, qui se seraient produites sans la mise en œuvre du projet.
Ensuite, le projet doit aussi répondre aux critères établis par le standard en plus de l’analyse du cycle de vie. Il faut savoir que les 14 critères établis par Riverse garantissent que notre norme respecte les meilleures pratiques du marché. Ces critères sont également repris dans les principes de base du crédit carbone.
Enfin, la dernière étape avant l’émission des crédits carbone est la validation et la vérification par des auditeurs tiers indépendants. Cette étape permet de s’assurer de la qualité des crédits et que la réduction des émissions est réelle et mesurable. Le processus de vérification implique un examen détaillé de la méthodologie de réduction des émissions du projet, du plan de suivi et des procédures de collecte et de déclaration des données.
Avez-vous des concurrents ? Comment vous démarquez-vous ?
Il existe d’autres standards de certification de crédits carbone, historiques ou émergents, qui sont généralement axés sur des projets forestiers ou d’énergies renouvelables. À l’instar de Riverse, ils contribuent à faire décoller ce marché qui est crucial pour le financement de la transition environnementale. De son côté, Riverse se différencie des autres standards en se focalisant sur la certification des Greentech industrielles en Europe. Nous utilisons aussi de la technologie pour rendre le processus d’émission de crédits carbone 20 fois plus rapide que les solutions existantes, et pour un coût 3 fois inférieur pour les projets Greentech.
Vous avez levé 1,5 million d’euros en juin 2023. À quoi ce montant a-t-il servi ? Où en êtes-vous dans le développement de ce projet ?
Grâce à cette levée de fonds, nous souhaitons consolider notre positionnement d’acteur innovant sur le marché volontaire du carbone. Nous souhaitons également nous étendre en Europe, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni. D’autre part, les fonds seront aussi utilisés pour poursuivre la R&D et l’enrichissement de l’offre commerciale. Dans cette optique, Riverse prévoit de recruter des développeurs web, mais aussi des spécialistes de l’analyse de cycle de vie et des commerciaux experts des marchés carbone.
Quelles stratégies et actions ont contribué à la croissance de Riverse depuis 2021 ?
La croissance de Riverse s’est réalisée grâce à plusieurs focus. À commencer par le développement de notre produit technologique pour enlever les frictions du processus de certification. Le second axe concerne la recherche scientifique. Elle nous a permis de développer notre méthodologie de mesure d’impact et de certification de crédits carbone. Notamment en constituant très tôt une équipe de spécialistes de l’ACV. Le dernier axe tourne autour des clients, à la fois émetteurs et acheteurs de crédits carbone, pour comprendre en détail les besoins du marché et comment y répondre.
À quelles contraintes législatives et réglementaires ou règles est soumis le marché volontaire du carbone ?
Le marché volontaire du carbone fonctionne en parallèle du cadre des marchés du carbone imposés par les gouvernements. Malgré l’absence d’une autorité de régulation centralisée, il existe des organisations sur le marché qui influencent l’espace et cadrent les processus de certification afin de garantir une qualité des crédits carbone émis. Parmi les plus importantes se trouvent l’ICVCM, l’ICROA et SBTi.
Comment se porte le marché volontaire du carbone ? Selon vous, comment va-t-il évoluer ces 10 prochaines années ?
Il y a une croissance très importante dans le marché du carbone volontaire à partir des accords de Paris en 2015 pour atteindre plus de 2 milliards de dollars en 2021. C’est un niveau qui s’est à peu près stabilisé en 2022 malgré un contexte macroéconomique difficile. Selon différentes études, le marché pourrait croître de 10 à 20 fois d’ici 2030.
La croissance du marché sera possible grâce aux innovations et aux efforts de normalisation sur le marché. Dans un premier temps, ils permettront d’en améliorer les processus et par la suite, d’y apporter plus de transparence.
Quelles difficultés avez-vous connues lors de votre parcours entrepreneurial ?
Le parcours entrepreneurial est fait de hauts et de bas. Cela exige une certaine résilience et un fort optimisme. D’ailleurs, ce sont des valeurs sur lesquelles nous travaillons au quotidien avec mes associés. Nous devons également apprendre à faire un grand nombre de choses que nous n’avions jamais faites auparavant, souvent dans des contextes totalement inattendus. Pour relever ces défis, Grégoire, Clément et moi avons la chance d’avoir des forces et des compétences très complémentaires.
Quelles sont vos ambitions pour Riverse ? Sur quoi misez-vous pour votre développement ?
L’ambition de Riverse est d’orienter le plus de financement possible vers la transition environnementale. À l’horizon 2030, nous souhaitons orienter plus d’un milliard d’euros par an dans des technologies de décarbonation. Pour y arriver, nos efforts vont se concentrer sur le développement de méthodologies et outils de pointe pour la mesure, la vérification et la monétisation d’impact environnemental. Nous investissons donc dans nos équipes de recherche et de développement Tech avant tout, pour permettre une croissance efficace dans ce domaine.
Nos remerciements à Ludovic Chatoux, cofondateur de Riverse.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one