Fondée en 2019, Dry4Good est une entreprise de production agroalimentaire spécialisée dans les ingrédients alimentaires industriels. La FoodTech déshydrate les aliments en conservant leurs valeurs nutritionnelles et qualités organoleptiques, ce qui offre une qualité inégalée des produits finis.
Pour le Journal du Manager, Romaric Janssen accepte de répondre à nos questions et nous raconte l’histoire de Dry4Good.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Dry4Good ? Pourquoi avoir fondé cette activité en 2019 ?
Je me suis rendu compte que tous les industriels rencontraient le même problème. Pour faire un bon produit fini, il faut une bonne matière première. Dans la société où je travaillais, la matière première était de qualité et donc, à la fin, le produit l’était aussi. Je me suis alors demandé pourquoi certains industriels avaient parfois recours à des éléments chimiques, des additifs, des colorants, etc. J’en ai conclu qu’ils le faisaient afin de corriger des goûts et des couleurs perdus au cours du processus.
Il se trouve qu’il existe un deuxième problème dans ce marché et dans ces industries-là, c’est l’eau. L’eau pose un grand nombre de problèmes, si bien qu’il est source de développement microbien, d’instabilité du produit et de déphasage. De là, l’idée m’est venue de travailler sur des matières premières qui soient sèches, et qui auraient tout conservé de leurs propriétés. Cela afin qu’il ne soit pas nécessaire de rajouter des éléments chimiques ou artificiels.
C’est ainsi que Dry4Good est née. Une entreprise qui travaille sur des produits secs, de très haute qualité afin d’obtenir un produit simple à utiliser avec un très bon rendu.
Pouvez-vous présenter votre activité ? À qui s’adresse-t-il ?
Notre métier consiste à acheter de la matière première agricole (fruits, légumes, aromates, etc.) et de les sécher pour les réduire en poudre. Ensuite, ces poudres sont vendues aux industriels de l’agroalimentaire et de la cosmétique. Le but est d’accompagner ces acteurs-là dans la formulation de leurs produits industriels au quotidien.
Disons que nous apportons de petits morceaux de fruits dans les céréales et petits déjeuners, de la poudre pour mettre dans des yaourts, des sauces, des barres de céréales, des bouillons, etc. Pour ce qui est de la partie cosmétique, on en retrouve dans les crèmes, les huiles, les compléments alimentaires, les exfoliants et bien d’autres produits.
Qu’est-ce qu’un additif alimentaire ? Quels sont les avantages de Dry4Good pour vos clients ?
Un additif alimentaire est un ingrédient que l’on rajoute dans une préparation alimentaire dans le but d’apporter une fonction. Cela peut être soit une fonction colorante exclusivement, soit une fonction aromatisante exclusivement ou soit une fonction texturante exclusivement. Cette notion d’exclusivité de la fonction fait que ce sont en général des extraits. C’est-à-dire des produits qui sont particulièrement transformés et qu’on ne trouve pas à l’état naturel.
La particularité de notre méthode est que nous préservons suffisamment bien les valeurs organoleptiques (le goût, la couleur, la texture) de nos produits, ainsi que les valeurs nutritionnelles. De ce fait, nous n’avons pas besoin de rajouter des éléments ou des additifs fonctionnels en tant que tels.
Comment concevez-vous ces aliments ? Quelles sont les grandes étapes ?
Nous avons mis en place une technologie de séchage de précision. Le nom de cette technologie vient du fait que nous arrivons à extraire la molécule d’eau du produit sans toucher au reste. Nous évitons de dégrader le produit, de le cuire ou de l’oxyder. De cette façon, il n’y a pas de changement d’état au niveau matriciel bien que la matière première change d’état physique.
Comment le marché de l’agroalimentaire a-t-il accueilli votre solution ?
Aujourd’hui, une chose est sûr, le marché est complètement demandeur de ce genre de solution. Les industriels écoutent leurs clients et leurs consommateurs qui se plaignent d’avoir l’impression de se faire empoisonner, et cela par manque d’informations sur ce qu’ils consomment. Ces derniers ne se font pas empoisonner, mais il est vrai que les listes d’ingrédients sont devenues tellement complexes que nous sommes tous un peu perdus.
Et donc, l’industriel essaye de mettre moins d’ingrédients pour rendre les choses plus naturelles et plus compréhensibles. Ce faisant, il est obligé de revoir le type d’ingrédient qu’il met et de revenir à des ingrédients plus simples, plus naturels, moins transformés. C’est là où nous avons mis la mécanique au service de la qualité des ingrédients plutôt que la chimie, comme cela a été fait pendant des années. C’est ce qui fait la grande différence, nous avons des produits beaucoup plus sains et naturels avec une qualité incomparable.
Avez-vous des concurrents ? Comment vous démarquez-vous ?
Dans ce domaine-là, nos concurrents sont les fabricants d’additifs et tous ceux qui font du séchage. Il y en a énormément. En outre, Dry4Good se démarque par sa façon de sécher les matières premières. Une méthode qui permet d’obtenir des produits différenciants, beaucoup plus forts en goût et plus concentrés en couleurs et en nutriments.
En ce qui concerne les additifs, on parle plutôt de concurrence indirecte. Nous estimons être complémentaires de ces fabricants et nous ne sommes certainement pas là pour dire aux gens d’arrêter les arômes et les colorants. Notre rôle est de les sensibiliser à en utiliser moins, voire à limiter leur utilisation au strict nécessaire.
À quelles contraintes législatives et réglementaires avez-vous dû faire face lors de la création de Dry4Good ?
Par chance, nous n’avons pas été très contraints. Il s’agit d’une société classique, d’une startup industrielle, sur un marché existant qui n’a guère besoin d’un tas de tests de laboratoire. Nous sommes convaincus que plus nous simplifierons la transformation et l’ingrédient, plus il sera naturel pour l’organisme et moins nous serons confrontés à d’éventuelles contraintes réglementaires.
Quelles difficultés avez-vous connues lors de votre parcours entrepreneurial ?
Les difficultés, on en rencontre tous les jours, c’est un peu une question d’état d’esprit. Pour notre part, nous avons décidé de regarder le verre à moitié plein. Par conséquent, les difficultés deviennent des challenges les uns après les autres. Bien sûr, on rencontre souvent des coups de stress et des obstacles qui semblent parfois insurmontables. Toutefois, notre philosophie nous dicte que tant qu’on reste optimiste et qu’on met l’énergie qu’il faut au bon endroit et au bon moment, les choses se débloquent. Pas forcément de la manière dont on l’a imaginé, mais souvent le résultat obtenu peut être meilleur que celui attendu.
Quelles leçons retenez-vous de cette aventure entrepreneuriale ?
Je pense que c’est un peu tôt pour tirer des leçons. Mais en 4 ans, je dirais que j’ai énormément appris. Que ce soit sur la gestion d’une entreprise, sur l’innovation, la perception d’un marché, puis la capacité à proposer quelque chose de nouveau ou à se différencier. Il est certain que nous n’avons pas tout fait de façon parfaite, mais s’il fallait recommencer à zéro, j’ignore si je ferais différemment.
Encore une fois, nos erreurs nous ont toujours amenés plus loin que ce qu’on avait imaginé. Par conséquent, on se rend compte qu’elles font avancer, alors quitte à faire des erreurs, pourquoi ne pas refaire les mêmes ?
Nos remerciements à Romaric Janssen, cofondateur de Dry4Good.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one