La Brosserie Française, la fabrique de brosses à dents Made in France : Rencontre avec son CEO, Olivier Remoissonnet.

Olivier Remoissonnet, CEO de La Brosserie Française, la fabrique de brosses à dents Made in France

Fondée en 2012, La Brosserie Française est la dernière fabrique de brosses à dents en France. Aujourd’hui encore, l’entreprise fait vivre un savoir-faire français fort de 170 ans.

Pour le Journal du Manager, Olivier Remoissonnet, CEO de La Brosserie Française, nous raconte comment l’entreprise s’est reconstruite depuis sa relocalisation.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel et entrepreneurial ? Quelles sont les grandes étapes ? 

Après un BTS en mécanisme et automatisme industriel puis un diplôme d’ingénieur au CNAM, j’ai fait mes premières armes chez un fournisseur automobile en 1992-1998. En 1998, j’entre dans l’univers de la brosserie où je découvre un nouveau savoir-faire. Je deviens ensuite directeur logistique, puis contrôleur de gestion avant d’être nommé à la direction industrielle du site de Beauvais.

Quelle est l’histoire de La Brosserie Française ? Pourquoi avoir relocalisé cette activité en 2012 ?

En 1845, Alphonse Dupont crée La Brosse et Dupont à Beauvais, une manufacture de brosserie, tabletteries et boutons. L’enseigne est située au cœur de la vallée du Thérain, berceau historique de la brosserie. À l’époque, la Société Générale de Brosserie est le principal fournisseur pour le marché français des pinceaux de vernis à ongles et brosses de mascara. Mais la mondialisation et les délocalisations commencent leur travail de sape jusqu’à épuiser la santé de l’entreprise.

En 2012, la société fait face à une fermeture administrative. Je monte alors un dossier de reprise d’activité avec un associé issu du secteur plasturgiste. C’était là une bonne façon de compléter les savoir-faire de notre propre site. La raison sociale change et devient La Brosserie Française. Le pari de la relocalisation : sauvegarder une activité traditionnelle de la région, tout en l’inscrivant dans l’avenir.

Quelles stratégies et actions ont contribué au succès de la relocalisation de La Brosserie Française depuis 2012 ? 

Le leitmotiv de mon modèle stratégique est de perpétuer un savoir-faire vieux de 170 ans. Cela grâce à un business model basé sur le Made in France. En parallèle, la Brosserie Française met en place une politique d’écocitoyenneté et recherche les meilleures solutions techniques afin de diminuer son empreinte écologique.

Les outils de production sont rapatriés en France, le savoir-faire local est sauvé. Ainsi, la proximité permet d’assurer la traçabilité, la qualité et la sécurité des produits, tout en limitant l’impact sur l’environnement.

Comment l’activité de La Brosserie Française a-t-elle évolué depuis sa création ? 

Nous avons débuté en reprenant la marque existante, Bioseptyl, mais en la remettant complètement en cause. Cette marque, créée initialement dans les années 80, avait pesé jusqu’à 12 % de part de marché à l’époque. Mais, elle avait beaucoup souffert de la montée des marques distributeurs et des grandes marques internationales. Si bien qu’elle avait fini par presque disparaître des rayons. Nous avons donc décidé de la relancer en cohérence avec les valeurs fondamentales de la Brosserie Française : fabrication française, transparence, durabilité et écoresponsabilité.

Où en êtes-vous dans le développement de ce projet ? Comment comptez-vous financer l’activité de La Brosserie Française ? 

La Brosserie Française innove sans cesse. Nous avons conçu des brosses à dents en bois de hêtre français, ou à tête dévissable, ou encore fabriquées en bioplastiques à base de lin, de liège ou de coquilles Saint-Jacques.

Nous sommes sur un modèle autofinancé. De ce fait, nous gardons une autonomie maximale qui nous permet une grande réactivité et une flexibilité unique.

À quelles contraintes législatives et réglementaires avez-vous dû faire face lors de la création de La Brosserie Française ? 

En réalité, les contraintes ne sont pas nombreuses. Toutefois, elles persistent encore aujourd’hui et touchent essentiellement la reconnaissance du Made in France. Comment peut-on justifier autant de brosses à dents manuelles revendiquant le made in France ou le drapeau français alors que nous entretenons ce savoir-faire unique en France depuis plus de 10 ans !

Quelles sont les difficultés éprouvées par les entrepreneurs de l’industrie ? Comment composez-vous avec ces obstacles ? 

Les difficultés sont l’héritage de notre histoire industrielle. Désindustrialisation, manque d’attractivité, déficit d’image pour les industriels. Il nous appartient de démontrer que ce temps est révolu et que Bioseptyl est le reflet d’une industrie consciente de son rôle au sein de la société civile. En effet, minimiser son impact environnemental, développer les liens humanistes, préserver l’expertise, reconstruire les circuits courts, recréer du lien entre le consommateur et le producteur pour le droit à la transparence : voilà ce qui permet de faire un achat en conscience. 

Quel  bilan  tirez-vous au bout de 10 ans d’activité ? 

Une formidable aventure humaine qui apporte la démonstration qu’un autre chemin est possible pour fabriquer des produits de grande consommation en France.

Nous réalisons aujourd’hui, après une décennie de reprise de notre activité, que nous avons permis de sauvegarder le savoir-faire pour les brosses à dents fabriquées en France. Sans ce dossier de reprise en 2012, le métier aurait disparu et nous pouvons désormais constater que nous avons pu installer une activité stable et durable sur un produit de consommation courante, un produit de première nécessité qui soit compétitif et qualitatif.

Bioseptyl est la marque qui a permis le maintien des brosses à dents fabriquées en France, et nous en sommes fiers. 

Quelles sont vos ambitions pour La Brosserie Française ? Souhaitez-vous pénétrer de nouveaux marchés ? 

Nous sommes dans une phase de stabilité et notre priorité est de renforcer un marché actuellement chahuté. En effet, le secteur du bio, où notre marque phare Bioseptyl est leader sur la brosse à dents avec presque 40 % de PDM, est encore en train de se chercher.

Au-delà des segments, nous avons largement la place de progresser sur nos marchés. À ce jour, le Made in France n’est pas encore le réflexe par défaut et notre travail est de défricher le terrain pour installer des modes de consommations durables — que ce soit dans le temps, mais surtout dans leurs procédés.

Auriez-vous des conseils à donner aux lecteurs du Journal du Manager souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Voici quelques clés pour réussir dans l’entrepreneuriat :

  • Se faire confiance et cultiver le doute positif ;
  • L’entrepreneuriat est un parcours d’apprentissage souvent jonché d’embuches qui ne sont pas des échecs mais simplement de l’expérience que l’on capitalise ;
  • Ne pas s’isoler et savoir s’entourer d’experts.

Nos remerciements à Olivier Remoissonnet, CEO de La Brosserie Française.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one

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