Fondée en 2020, Day One est une startup de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui a développé une plateforme technologique pour faciliter l’engagement des salariés dans des actions solidaires.
Pour le Journal du Manager, Elise Thibault-Gondré, fondatrice de Day One, nous raconte la genèse de la startup qui rend accessible l’engagement solidaire en entreprise.
Quelle est l’histoire de Day One ? Pourquoi avoir fondé cette activité en 2020 ?
L’idée de créer Day One est née d’un constat : les associations éprouvent des difficultés à trouver les bonnes compétences au bon moment ; les volontaires ne savent pas toujours vers qui se tourner ou n’osent pas sauter le pas.
Cette constatation, je l’ai faite suite à mon rapatriement prématuré d’une mission volontaire au Népal en 2015. À mon retour en France, j’ai repris mon activité professionnelle dans la finance, mais l’envie de m’engager était toujours aussi forte. En plein questionnement sur le sens au travail, à l’instar de nombreux Millennials de ma génération, je me suis demandé : « Comment combiner carrière et engagement solidaire ? ».
En 2020, je rencontre Cindy Kargol Bauer et Martin Belorgey. De nos échanges naît la solution : faciliter la rencontre entre les associations et les entreprises, grâce à une plateforme digitale et un accompagnement personnalisé. Avec un bouton “Engagez-vous simplement” sur notre site internet, nous avons testé l’idée sous forme d’un POC (Proof of concept). Résultat : plus de 40 citoyens volontaires s’engagent en quelques semaines. Le 12 juin 2020 Day One était créée !
Pouvez-vous présenter l’activité de Day One ? Quel est votre business model ?
Day One répond à une mission simple : rendre accessible l’engagement solidaire en entreprise. Grâce à notre réseau de solidarité, notre plateforme digitale et notre outil de smart matching, chaque collaborateur peut trouver l’action solidaire qui lui correspond, en quelques clics.
Notre solution, à la fois humaine et technologique, permet aux entreprises (même les PMEs) de développer les talents, comptabiliser des indicateurs RSE concrets et suivre les indices clés du bien-être.
Pour ce qui est de notre business model, les entreprises paient un abonnement pour avoir accès à la plateforme. L’offre commence à partir de 289 €/mois pour une entreprise de moins de 50 collaborateurs. Pour les associations, le référencement est gratuit, l’objectif étant de répondre à leurs besoins en compétences humaines et métier.
Comment fonctionne la plateforme d’engagement collaborateur de Day One ?
Notre plateforme recense plus de 500 associations et plus de 1000 actions solidaires. Tel un « Bon Coin des actions solidaires », il est possible de filtrer les missions par causes, disponibilité, localisation et compétences.
En fonction de l’actualité solidaire et environnementale, il est possible d’avoir accès ou de créer des programmes personnalisés. Par exemple, le 15 juin aura lieu la journée mondiale de lutte contre la faim. Nous avons créé un programme dédié, qui regroupe plusieurs actions solidaires à mener, auprès d’associations comme La Balade des Lucioles, Les Restos du Cœur, Vivre Libre…
Notre plateforme dispose aussi d’une technologie de smart matching. Tout comme son nom l’indique, cette technologie permet de faire matcher les souhaits et compétences des collaborateurs avec les besoins des associations, en fonction des critères renseignés. Et parce que l’humain est au cœur de notre approche, il y a toujours un conseiller disponible pour accompagner et répondre aux questions de chacun.
En quoi Day One se démarque-t-il des autres entreprises présentes sur le marché ?
Nos points forts sont les suivants : l’accompagnement, la personnalisation, et notre ancrage territorial.
Comme évoqué précédemment, l’accompagnement fait partie de notre ADN. Pour cela, nous mettons en place des kits de communication interne, avec des newsletters régulières personnalisées en fonction de chaque entreprise. Nous animons les lancements de la plateforme et échangeons régulièrement avec les collaborateurs.
Côté entreprise, le niveau de personnalisation de la plateforme correspond à la taille et aux enjeux de chacune, pouvant aller d’une plateforme 100% auto-gérée à un outil 100% sur-mesure.
Côté collaborateur et volontaire, c’est d’abord un test de personnalité qui est proposé. L’objectif ? Trouver sa mission coup de cœur, en fonction de ses valeurs, causes de prédilection, passions, compétences et disponibilité : « Dites-nous qui vous êtes et on vous permettra d’avoir un maximum d’impact ! ».
Enfin, nous témoignons d’un ancrage territorial fort : nous sommes une start-up régionale présente même dans les villes moyennes. Nous disposons d’un important réseau d’associations, avec lesquelles nous identifions les besoins réalisables par des collaborateurs en poste.
À quels enjeux les start-ups de l’ESS sont-elles confrontées ?
Je dirais que les start-ups de l’ESS ont la chance d’attirer des profils en quête de sens. Si le dernier panorama national de l’économie sociale et solidaire menée par ESS France déclare que l’on gagne 14,7% de moins dans l’ESS que dans le secteur privé lucratif, il n’en reste pas moins que la satisfaction est ailleurs.
En effet, d’après une étude de Cone Communications (2017), 55% des collaborateurs disent que l’engagement social ou environnemental d’une entreprise est un critère plus important que le salaire. Un nombre qui atteint 76% chez les millennials !
L’autre enjeu auquel les start-ups de l’ESS sont confrontées, c’est la difficulté de lever des fonds avec les investisseurs qui doutent encore de la possibilité d’allier impact et business.
Vous avez annoncé une levée de 1,2 million d’euros en avril 2022. À quoi ce montant va-t-il servir ?
Ce montant nous servira à améliorer notre plateforme ainsi que nos services d’accompagnement. Plus précisément, nous comptons développer de nouvelles fonctionnalités, améliorer l’expérience utilisateur et booster l’impact aux associations.
Outre, nous souhaitons également accélérer le recrutement et accueillir près de 15 nouveaux collaborateurs. D’ici 2023, Day One souhaite faire vivre plus de 20 000 expériences à impact et accompagner plus de 2 000 associations.
Quelles difficultés avez-vous connues lors de votre parcours entrepreneurial ?
Les événements imprévus sont la base de l’entrepreneuriat, cela nous arrive presque tous les jours. Par exemple, six mois après le lancement de Day One, l’enfant d’un de mes associés a eu un grave problème de santé. Chamboulés à tous niveaux, il a fallu maintenir le cap et l’accompagner au mieux dans sa vie personnelle. Aujourd’hui son enfant va beaucoup mieux. Nous en sommes ressortis grandis et mieux organisés.
Il y a aussi l’incendie d’OVH, hébergeur de notre plateforme digitale, en mars 2021. Cet incendie a engendré le “shut down” de notre solution auprès de tous nos clients pendant près de 10 jours. Au point où nous ignorions si nous allions réussir à récupérer la data. De même, cela nous a permis de nous améliorer en multipliant nos backups, et remerciant nos clients d’avoir été compréhensifs !
Quelles sont vos ambitions pour Day One ?
Nous souhaitons faire grandir l’entreprise et créer une équipe d’entrepreneurs où il fait bon vivre et évoluer.
Par ailleurs, nos ambitions restent les mêmes. Nous souhaitons accompagner des milliers d’associations et de volontaires dans leurs missions à impact partout en France. Ensuite, nous irons à la conquête de l’Europe dès 2023 !
Côté produit, nous améliorons continuellement nos modules de recommandation sur-mesure grâce à l’intelligence artificielle pour devenir le carrefour des rencontres à impact.
Quelles leçons retenez-vous de cette aventure entrepreneuriale ? Auriez-vous des conseils à donner aux lecteurs du Journal du Manager souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ?
L’entreprise prend du temps. Be patient! Au début, et même encore aujourd’hui, on a envie d’aller vite, de grandir vite et de « réussir » vite. Certains en oublient même en chemin leurs valeurs ou leur « pourquoi ».
Lorsque j’ai lancé la levée de fonds Day One, nous aurions pu aller très vite. Mais nous voulions la parité avec autant de femmes que d’hommes au board. Nous avons pris deux mois supplémentaires pour rencontrer des investisseuses. Alors oui, cela prend du temps. Mais dans la durée, nous ne le regretterons pas car la diversité et la mixité des profils sont la clé de réussite d’une gouvernance.
De même, les relations de confiance avec les clients et les fournisseurs se font sur le temps. Vous ne pouvez pas demander à quelqu’un de vous faire confiance juste parce que vous le dites. Seules vos actions montreront qui vous êtes. Et vous ne pouvez pas tout faire en un jour ?
Nos remerciements à Elise Thibault-Gondré, Fondatrice et Présidente de Day One.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one