Fondé en 2008, JobTeaser est le premier site de recrutement directement intégré aux établissements d’enseignement supérieur les plus prestigieux d’Europe. Leader de son marché, Jobteaser offre une plateforme unique à ses 5 000 entreprises partenaires pour leur permettre d’atteindre leurs candidats cibles.
Pour le Journal du Manager, Adrien Ledoux, cofondateur et CEO de Jobteaser, nous raconte l’histoire de la marque et nous explique les raisons de ce succès.
Quel fut votre parcours professionnel avant JobTeaser ? Pourquoi avoir fondé cette activité en 2008 ?
Diplômé de l’ESSEC, j’ai fait des stages chez L’Oréal et BNP Paribas. À l’issue de ces premières expériences, j’ai commencé ma carrière chez Bain & Company, un cabinet de conseil en stratégie. J’y suis resté deux ans, car c’était une bonne occasion pour moi de découvrir plusieurs secteurs, industries, et pays. J’y ai rencontré mon associé, Nicolas Lombard, ingénieur polytechnicien.
Nous nous sommes tous les deux retrouvés sur la même mission. Un soir, lors d’une discussion sur le « pourquoi » nous avions choisi le métier de consultant en stratégie, Nicolas rêvait d’astrophysique tandis que j’étais plutôt intéressé par le cinéma. C’est ainsi que nous avons pris conscience de la complexité de la transition du monde étudiant au monde professionnel. Il y avait un manque d’accompagnement certain. Par conséquent, il fallait créer un outil qui guide le candidat dans cette transition pour faire des choix plus éclairés.
En 2008, Nicolas et moi avons démissionné afin de donner vie à JobTeaser et faire découvrir aux étudiants les entreprises et leurs métiers.
Comment décririez-vous JobTeaser ?
JobTeaser est le leader du recrutement des jeunes talents en Europe. Notre mission est d’aider les jeunes diplômés à trouver leur voie. La première spécificité de Jobteaser est d’être à la fois un site classique de recrutement, mais aussi une plateforme qui vise à aider les étudiants dans leur orientation.
La seconde est que nous sommes intégrés directement dans les intranets des écoles et universités. En d’autres termes, nous sommes devenus le site carrière officiel de nos écoles partenaires. Aujourd’hui, plus de 700 universités en Europe travaillent avec nous.
Qui sont vos clients et quel est le business model de Jobteaser ?
Nos clients sont les entreprises qui souhaitent recruter des jeunes : stagiaires, alternants, premier emploi… Étant directement intégrés aux intranets de nos écoles partenaires, nous jouons le rôle de premier contact pour les étudiants qui sont à la recherche d’un emploi.
Notre business model s’est construit avec le temps et a évolué. Nous sommes partis du besoin de l’étudiant en créant un site web. L’objectif de ce site était de présenter les entreprises et leurs métiers à travers des vidéos, en plus du recrutement. Ce n’est que 4 ans plus tard que les écoles et les universités sont entrées dans l’équation. Les écoles devaient promouvoir le site auprès des étudiants afin que ces derniers découvrent l’utilité du site. C’est alors que l’ESSEC a proposé d’utiliser notre plateforme comme son site carrière. Par la suite, d’autres écoles nous ont rejoints, ce qui nous a permis de toucher davantage d’étudiants et d’équiper un maximum d’écoles. Nos services sont gratuits pour les étudiants et payants pour les entreprises.
Aujourd’hui, Jobteaser compte 100 % des écoles de commerces et d’ingénieur en France, ainsi que la moitié des universités.
Quels sont les enjeux et contraintes liés à votre secteur ?
Le plus gros enjeu auquel les entreprises font face en ce moment est la « pénurie des talents ». En d’autres termes, il y a aujourd’hui une inadéquation entre les attentes des entreprises, leurs besoins en recrutement, et les étudiants formés. Il n’y a donc pas assez de candidats dans certaines industries et sur certains postes… Il est donc important d’éduquer et d’informer les étudiants concernant les métiers qui offrent les meilleurs débouchés afin qu’ils puissent se former et développer des compétences dans des domaines précis.
Le second enjeu s’applique aux candidats. Ces derniers sont de plus en plus en quête de sens. Ils souhaitent avoir de l’impact et comprendre pourquoi une entreprise est mieux qu’une autre. Il faut donc répondre au défi d’une nouvelle génération qui a des exigences, et qui a envie de bien connaître les entreprises pour faire un meilleur choix.
Comment expliquer le succès de votre entreprise et sa croissance rapide ?
Les partenariats avec les écoles ont été un élément déclencheur de ce succès, uniquement rendu possible car nous ne nous sommes pas figés dans un modèle. Autrement dit, c’est cette capacité à s’adapter rapidement à ce que nous avons observé sur le terrain et aux besoins du marché, mais également la capacité de changer l’organisation autour d’une nouvelle opportunité.
Qui sont vos concurrents ?
La force du modèle de Jobteaser fait que nous avons peu de concurrence. Toutefois, il y a un acteur du nom de Handshake qui offre le même service que nous aux États-Unis.
Une fois intégrés aux sites des écoles, les étudiants passent par nous, ce qui limite la concurrence. Tout l’enjeu est d’arriver à convaincre les écoles.
Vous êtes actuellement présents dans 19 pays. Comment avez-vous organisé le déploiement à l’international de Jobteaser ?
Pour cela, il n’existe pas de recette unique. Contrairement à certaines approches plus séquentielles, nous avons déployé plusieurs pays, en même temps, depuis la France.
La première raison est que la course de vitesse était importante pour nous. Nos équipes françaises de commerciaux devaient convaincre les écoles en premier, car il est toujours plus difficile de déloger un acteur qui est déjà en place.
L’autre raison est que nos écoles partenaires voulaient que Jobteaser soit une entreprise internationale. En effet, ces écoles sont composées à moitié d’étudiants internationaux. Nous étions donc obligés de nous étendre à l’international très vite pour satisfaire les écoles.
Le déploiement commence depuis le siège pour ouvrir et signer les premières écoles. Par exemple, certains pays tels que la Belgique, le Pays-Bas sont gérés depuis la France. Une fois que le pays est mature, c’est-à-dire que nous avons assez d’écoles partenaires, nous ouvrons un bureau local. C’est le cas en Allemagne où nous avons ouvert un bureau de 30 personnes.
Vous avez levé 68 millions d’euros pour développer votre activité. À quoi ce montant a-t-il servi ?
Ces levées de fonds nous ont été très utiles. Elles nous ont permis le déploiement à l’international. Particulièrement pour un modèle comme le nôtre. En effet, le service étant gratuit pour les écoles et les universités, il nous fallait des fonds pour aller à la conquête des écoles et universités d’autres pays. Sans levée de fonds, cela aurait été compliqué. Nous avons prouvé sur la France que notre modèle était viable. Il ne restait plus qu’à le faire à l’international et accepter, pendant deux à trois ans, d’avoir des marchés qui génèrent zéro euro.
Le second élément est l’innovation. Nous avons énormément investi dans la nouvelle phase de Jobteaser qui est de devenir un outil d’orientation professionnelle. De cette façon, nous nous reconnectons encore plus à notre mission. Notre ambition étant de devenir une sorte de « Google de l’orientation », nous avons monté une équipe d’innovation. Cette équipe a ensuite développé des tests psychométriques qui permettent au candidat de comprendre ses motivations, ses valeurs, ses softs skills, etc.
Comment votre activité a-t-elle évolué avec la crise de la Covid-19 ?
Il y a énormément de choses à dire sur ce sujet. D’un point de vue interne, il y a eu beaucoup de changement dans la façon de travailler et dans le télétravail. Nous avons également acquis une culture écrite plus forte puisque les choses se font de manière asynchrone.
Côté business, la crise sanitaire a eu de nombreuses répercussions. Les entreprises ont ralenti le recrutement, qui est la base de notre métier. Aujourd’hui, la tendance s’inverse. Étant en sortie de Covid, c’est la guerre pour recruter. Cela nous a donc impacté favorablement.
Néanmoins, il y a un contexte global autour de la mobilité : les candidats sont plus enclins à démissionner qu’avant. Forcément, cela pose beaucoup de problèmes à nos clients qui font face à des vagues de départs difficiles à gérer. Nous intervenons donc pour les aider, soit pour recruter, soit pour leur donner des conseils afin de fidéliser les jeunes.
Quelles sont vos ambitions pour Jobteaser ? Souhaitez-vous conquérir de nouveaux marchés ?
Notre ambition est claire. Aujourd’hui, nous sommes la seule plateforme européenne d’orientation et de recrutement qui cible les étudiants et les jeunes diplômés. Dans les deux, voire trois ans à venir, nous souhaitons être le leader sur chacun de nos marchés locaux.
Il y a ensuite cette ambition vis-à-vis du produit. Aux yeux des candidats, nous souhaitons être perçus comme un outil qui guide et permet de découvrir le métier dans lequel ils pourraient s’épanouir.
D’ailleurs, dans le but d’intégrer les écoles dans notre mission d’orientation qui est aussi la leur, nous développons actuellement un cours sur la connaissance de soi avec certaines écoles. Un cours qui permettra aux étudiants d’apprendre à mieux se connaître.
À terme, l’ambition sera d’adresser ce parcours d’orientation en ligne à tout le monde, car l’orientation, c’est tout au long de la vie.
Auriez-vous des conseils à donner aux lecteurs du Journal du Manager qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Le premier conseil que je pourrais donner est de bien s’assurer que l’entrepreneuriat est fait pour vous. C’est la raison pour laquelle il faut échanger avec des entrepreneurs. C’est un métier dans lequel on est confronté à beaucoup de difficultés et d’obstacles. Il est donc important d’y être préparé.
Il faut ensuite prendre le temps de définir votre marché et de s’assurer que c’est le bon. Vous aurez beau être le meilleur entrepreneur du monde, si vous êtes lancé sur un marché compliqué, avec une forte concurrence et peu de marge, vous aurez très peu de chances de réussir.
Nos remerciements à Adrien Ledoux, cofondateur & CEO de Jobteaser.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one