Pixpay, la première néobanque pour adolescents : Rencontre avec son co-fondateur et CEO, Benoit Grassin

Pixpay la banque en ligne pour les adolescents

Fondée en 2019, Pixpay est la première néobanque conçue pour les jeunes âgés de 10 à 18 ans. Pour Benoit Grassin, son co-fondateur, Pixpay a l’ambition d’aider les adolescents à devenir de meilleurs adultes en les aidant à apprendre à mieux gérer leur argent.

Pour le Journal du Manager, Benoit nous explique les enjeux et l’importance de l’éducation financière dès l’adolescence !

Pouvez-vous revenir sur votre parcours entrepreneurial ? Comment le projet Pixpay est-il né ? 

Je suis ce que l’on appelle un Repeat Entrepreneur, c’est-à-dire que j’ai déjà créé une entreprise auparavant : Mon Docteur, pionnier dans la prise de rendez-vous médicaux en ligne. Nous avions lancé cette entreprise début 2013 en même temps que d’autres acteurs qui ont popularisé ce nouveau mode de fonctionnement. L’essentiel du métier consistait à fournir aux professionnels de santé, des logiciels qui leur permettent de mieux organiser leur temps et leur cabinet en plus de leur proposer la prise de rendez-vous en ligne, ce qui était novateur à l’époque. Nous avons fusionné Mon Docteur en 2018 avec Doctolib.

C’est en 2019 que nous avons été libérés de nos obligations avec Nicolas Klein mon associé. Nous avions l’envie d’entreprendre à nouveau ensemble et nous nous sommes donc lancés sur un nouveau projet : Pixpay. Cela fait donc presque 10 ans que je suis entrepreneur dans le digital.

Qu’est-ce que Pixpay ? À qui s’adresse cette solution et quels problèmes permet-elle de résoudre ?  

Pixpay est la néo-banque des ados. Nous nous adressons spécifiquement aux ados âgés de 10 à 18 ans. Notre métier est de créer des outils bancaires qui permettent à une population très peu « bancarisé », de s’équiper et d’ouvrir un premier compte bancaire tout en étant accompagnée de leurs parents. Nous fournissons une carte bancaire qui permet à l’adolescent de recevoir de l’argent, de dépenser son argent en ligne ou en boutique, suivre l’historique de ses transactions, etc. Nous ressemblons à une néobanque B to C, mais pensée pour les adolescents !

De plus, l’accompagnement parental est très important chez nous, car nous nous adressons à des personnes encore mineures. Les parents sont ceux qui donnent de l’argent à leurs enfants la plupart du temps et qui s’assurent qu’ils ne le dépensent pas n’importe comment, alors nous souhaitions également être un outil pédagogique.

Comment avez-vous réussi à convaincre les parents de donner une carte de paiement à leurs jeunes ados ? 

Jusqu’à présent, avec les banques traditionnelles, les parents jugeaient cela compliqué et assez risqué de donner une carte de paiement à son ado. Le fait qu’ils ne puissent pas avoir un suivi en temps réel de ce qu’il se passe sur le compte de leur enfant ne les rassurait pas. De ce fait, les parents repoussaient le moment de leur accorder une carte de paiement. Or, la révolution des néobanques est que tout se fait en temps réel. Depuis son téléphone, il est possible d’agir instantanément avec la carte et le compte bancaire, ce qui change tout. Bloquer une carte en cas de vol, modifier les plafonds en temps réel sont des exemples de fonctionnalités qui ont rassuré les parents.

Qu’est-ce qui vous différencie des banques traditionnelles ? 

Nous nous intéressons à une cible que les banques traditionnelles délaissent habituellement. Cela est dû au fait que les adolescents ont en général un pouvoir d’achat assez limité donc ce n’est pas forcément intéressant d’un point de vue rentabilité. En effet, c’est une cible qui dépense peu et qui ne prend pas de crédit ou d’assurance. C’est la raison pour laquelle ce segment est perçu à faible valeur pour de nombreuses banques. Historiquement, les banques proposent des offres à partir de l’âge de 16 ans, parfois à partir de 12 ans, mais seulement pour une carte de retrait et non une carte de paiement. En plus de cela, les applications que proposent les banques ne sont pas très intéressantes et trop compliquées même pour les adultes.

Ce qui permet d’avoir une expérience adaptée, c’est que chez Pixpay nous faisons uniquement cela. Nous sommes capables de développer des fonctionnalités pensées spécialement pour un usage enfant/ado. Pour donner un exemple, nous avons développé une fonctionnalité qui permet à un jeune de se faire payer ses petits boulots par SMS. Autre exemple, nous proposons une fonction de coparentalité, c’est-à-dire que plusieurs personnes peuvent administrer le compte et programmer de l’argent de poche. Typiquement, une banque traditionnelle ne proposera jamais d’accorder l’accès à un compte bancaire à un tiers. L’idée est que nous arrivons avec une approche beaucoup plus segmentée et donc plus adaptée au cas d’usage de l’argent des adolescents. Pour finir, le fait que nous soyons en temps réel, mobile et user centric fait que cela change tout.

Quelle est la cible principale de votre communication ? Les parents ou les ados ? 

Nous nous adressons aux deux !  Pour que le service soit utilisé, il faut qu’il y ait deux personnes. Tout d’abord un parent qui est le souscripteur, qui est responsable, donc d’une certaine manière un client. Mais il faut aussi un utilisateur de la carte de paiement, qui va faire les achats. Selon les familles, l’initiative peut venir des parents ou bien des ados. Dans certains cas de figure, c’est l’adolescent qui sera prescripteur et dans d’autres cas c’est plutôt les parents qui vont se dire que cela serait une bonne chose d’accorder une carte à leur enfant. Évidemment on ne s’adresse pas tout fait à eux sur les mêmes canaux et avec les mêmes messages, mais les deux sont dans la boucle. Finalement c’est une situation qui est assez gagnant-gagnant. D’une part, l’adolescent est super content d’avoir une carte et de pouvoir dépenser son argent où il veut. D’autre part, le parent est également content de faire plaisir dans un cadre qui a du sens, car cela va apprendre à son enfant à gérer son argent de manière sécurisé.

Le souhait des parents est de donner les clés à leurs enfants pour qu’ils puissent bien grandir et devenir de futurs adultes responsables. L’éducation financière est quelque chose d’important et d’essentiel à enseigner. Cet enseignement aura un véritable impact dans leur vie d’adulte : savoir gérer un budget, comprendre la valeur de l’argent, apprendre à économiser sont des choses qui peuvent paraitre évidentes mais cela s’apprend réellement.

Pouvez-vous nous en dire plus sur Pix&Love ? 

Pix&Love est un des services que nous proposons chez Pixpay. C’est un programme de reward inclus dans notre offre. Cela consiste à donner des avantages auprès d’une sélection de commerçants que les ados adorent. C’est essentiellement du cashback à valoir dans des marques que les jeunes sont susceptibles d’aimer et d’utiliser comme BackMarket, Undiz, Pathé/Gaumont ou Ornikar. Lorsqu’ils consomment auprès de ses marques, ils récupèrent instantanément de l’argent qu’ils pourront dépenser ailleurs.

Quelles sont vos ambitions pour Pixpay ? 

Nous nous sommes lancés depuis à peu près 1 an et aujourd’hui notre nombre d’abonnés est en forte croissance. Notre enjeu est d’équiper environ 2 millions d’abonnés dans toute l’Europe d’ici 3 ans. Dans un premier temps nous ciblons l’Europe continentale qui est pour nous un terrain de jeu assez intéressant parce qu’il y a un cadre réglementaire commun, mais ce n’est pas impossible d’envisager de nous rendre dans d’autres territoires plus tard.

Nos remerciements à Benoit Grassin, co-fondateur & CEO de Pixpay.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one.

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